L'événement diplomatique est sans conteste la visite qu'effectue aujourd'hui à Alger, pour une journée, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. C'est sa première sortie au Maghreb et dans le monde arabe, en tant que chef de la diplomatie française et, pour beaucoup de raisons, il a choisi de commencer par l'Algérie, considérée comme la principale puissance de la région. Un peu plus de deux mois après l'arrivée des socialistes au pouvoir en France, les relations algéro-françaises sont donc remises sur le tapis. La visite de Laurent Fabius permettra d'en savoir plus, au plan concret, sur la nouvelle orientation que la France veut donner à ces relations quelque peu malmenées sous la présidence de Nicolas Sarkozy. On estime que tout ce qui avait été esquissé sous Jacques Chirac est pratiquement parti en fumée sous Nicolas Sakozy. Maintenant, les choses vont-elles changer ? Les observateurs font ressortir la volonté affichée des deux côtés de la Méditerranée, de construire un partenariat d'exception. Cette idée a été exprimée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans le message de félicitations qu'il a adressé à François Hollande à l'occasion de son élection à la présidence, le 6 mai dernier. Abdelaziz Bouteflika avait alors souligné sa «pleine disponibilité» à œuvrer en faveur d'une coopération algéro-française «qui soit à la hauteur des potentialités des deux pays». La même volonté est exprimée de l'autre côté. Pour le président français, François Hollande, l'Algérie et la France ont «tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective.» Le partenariat d'exception, justifié par une histoire commune dont chacune des deux parties semble vouloir minimiser les aspects qui fâchent, a l'air d'être bien lancé. Laurent Fabius aura à faire le point sur l'état d'avancement des différents dossiers constitutifs de cette relation bilatérale que les deux pays se sont engagés à inscrire dans le cadre de la construction du partenariat d'exception. Le ministre d'Etat français a, justement, pour mission de préparer la visite qu'effectuera le président Hollande en Algérie, en octobre ou novembre prochains. Il aura également des entretiens qualifiés, côté français, de «très importants». Pour la France, il s'agit de «la volonté de renforcer la qualité de notre dialogue politique sur les grandes questions internationales avec nos partenaires algériens». Pour l'Algérie, «les défis auxquels est confrontée la communauté internationale, aujourd'hui, nous invitent à approfondir le dialogue politique entre nos deux pays et à conjuguer nos efforts pour réaliser les objectifs de paix, de stabilité et de progrès auxquels nous aspirons, dans l'espace méditerranéen qui est le nôtre et à travers le monde». Pourtant, sur la situation au Mali aussi bien que sur la crise syrienne, les divergences entre l'Algérie et la France sont évidentes : les autorités algériennes privilégient les solutions pacifiques et négociées, en faisant confiance aux parties directement en présence, alors que la France, malgré le changement de régime, continue d'être tentée, dans les deux cas, par le recours à l'intervention armée.