Elles ont choisi l'ultime solution pour faire face à toute la frénésie des dépenses induites par le mois sacré du ramadhan, l'aïd et, bien entendu, la rentrée scolaire. Bon gré mal gré, elles ont été poussées jusqu'au bout pour se priver carrément de leurs bijoux qui constituent leur petite «fortune», cumulée à coups de mille et un sacrifices durant leur vie, et les mettre en gage pour ne pas tomber dans le besoin. De plus en plus de familles recourent aujourd'hui à cette alternative qui remplace, il faut le dire, l'emprunt auprès de proches ou d'amis, et qui est devenue de nos jours pratiquement un phénomène rare en raison de la cherté de la vie. Le gage de l'or est de retour, et l'on assiste désormais à de plus en plus de femmes qui n'hésitent pas à recourir à cette pratique pour assurer à leur progéniture une bonne rentrée scolaire, acheter un véhicule ou même pour faire des travaux chez soi. «Lahdayade lechedaïd», ce dicton bien connu chez nous prend ici toute sa signification. Le prêt sur gage ne laisse point indifférentes les familles, notamment en cette période caractérisée par des frais excessifs qui constituent un coup très dur pour leur budget. Sans filet social adéquat, elles sont systématiquement «shootées» dans ce monde particulier. A la place Emir-Abdelkader, qui se trouve à quelques mètres de la BDL, pionnière dans ce genre de transactions, des hommes et des femmes se rendent dans la discrétion à cette banque dans l'espoir de rentrer chez eux avec quelques billets leur permettant de sortir du gouffre. Le ramadhan, la rentrée scolaire, l'aïd..., autant de dates «fatidiques» qui ont eu raison d'eux et leur ont ôté le sourire et l'espoir. Presque effacés, las, les yeux par terre, elles se faufilent pour brader leurs bijoux en optant pour le prêt sur gage ou carrément la vente aux dellalate qui envahissent cet endroit, à la recherche de quelques grammes d'or, souvent après un échec de la transaction avec la banque mitoyenne à ce «souk». Le refus bancaire est signifié sine die si le bijou n'est pas frappé du poinçon de l'Etat. Il faut signaler que la plupart des bijoux proposés à l'hypothèque bancaire sont achetés auprès de «trabendistes» qui écument le pays. Aujourd'hui, le prêt sur gage sur l'or permet à de nombreuses familles de résoudre leurs problèmes financiers et même souffler en attendant des jours meilleurs. C'est en tout cas ce que pense Malika, une sexagénaire, rencontrée à proximité de la BDL, pas très le loin de la place Emir-Abdelkader, et qui affirme que, pour marier son fils, elle n'a d'autre alternative que de mettre au clou ses bijoux. Une décision difficile à prendre, a-t-elle ajouté, mais nécessaire.