Certes, bureaucratie et lourdeurs bureaucratiques sont les grandes misères d'une population jeune et vieille. Dès la première heure de la matinée, les citoyens femmes, hommes, vieillards et adolescents prennent d'assaut les services sociaux des APC ou les services d'état civil du chef-lieu de la wilaya d'Annaba. Debout à l'intérieur d'interminables chaînes ou au milieu des couloirs avec des yeux hagards, ils ont l'air d'être perdus dans une longue foule grouillante. Les pauvres citoyens sont bousculés de part et d'autre par le va et vient des gens. Nous avons remarqué une personne âgée dans ses lieux qui avait le pas lent et imprécis et qui ne pouvait plus se tenir debout ; elle est allée se réfugier dans un coin au bas du mur de la mairie. Une réelle galère pour un simple acte de naissance, une fiche familiale jusqu'à la légalisation de copies de documents administratifs. La vieille grand-mère affaissée par le poids de l'âge et de la misère, dont les traces étaient visibles sur son visage et ses yeux, nous demanda de la rapprocher vers l'avant et de lui trouver une place. En effet, personne n'a voulu céder sa place à cette dame sans force, tandis que l'agent de sécurité faisait la sourde oreille à tout le monde. «Ne vous cassez pas la tête avec ses gens-là. Le personnel des APC est bien connu pour son incompétence. Ceux qui y travaillent sont rarement cordiaux. Pour un simple papier, ils peuvent vous rendre la vie difficile. Ils vous font courir toute la journée !», nous a révélé un citoyen qui tenait son livret de famille dans la main. Tout de même, nous avons réussi à prendre sa carte d'identité presque déchirée et son livret de famille que nous avons remis à une connaissance pour lui délivrer le certificat de décès de son mari. Le paysage est totalement identique dans tous les services d'état civil de la ville d'Annaba. On rencontre la même scène dans les deux antennes d'Asselah-Hocine. Une de ces deux antennes a été il y a quelque temps un lieu dans lequel des agents de sécurité proposaient leur service à quelques citoyens pour trafiquer des certificats de résidence. On entend des querelles des passants chaque jour, notamment dans celles-ci, ou alors dans les antennes de la pleine ouest de Pont-Blanc, de la cité 11-Décembre-1960 et bien d'autres aussi. En effet, les services d'état civil à Annaba sont très mal gérés par les responsables locaux, notamment les maires de la wilaya en question, indique-t-on. Plusieurs employés de ces services ne délivrent que deux documents administratifs, à savoir des extraits de naissance ou des fiches familiales. Cet état de fait provoque ainsi un mécontentement des nombreux demandeurs. «Regardez, c'est incroyable ! J'ai besoin de quatre documents et voilà qu'on ne m'en délivre que deux seulement. On dirait qu'elle travaille chez eux. Personne ne les contrôle. Ils travaillent comme bon leur semble ces gens-là», lance un homme d'un air étrange. Tandis que plusieurs autres citoyens qui ont délivré quelques documents administratifs portant des erreurs sur le nom faisaient un grand vacarme pour des rectificatifs tout en reprochant aux employés présents leur mauvaise maîtrise de la langue nationale et du français. «On se demande vraiment disait une femme d'un certain âge comment avez-vous pu décrocher ces postes d'emploi et sur quelle base d'instruction vous avez été admis ici ! C'est étonnant, vous ne savez même pas rédiger une bonne phrase.» L'administration algérienne vit actuellement une anarchie extrême et une bureaucratie lourde,qui devraient être éradiquées au plus vite par les autorités concernées, souligne-t-on. En tout état de cause, cette situation perdure, empêchant les Algériens de régler leurs problèmes. Très souvent, les employés en poste ne possèdent pas le sens du service public. Ils font croire aux gens dans la majorité des cas qu'ils leur rendent un vrai service en leur remettant un document officiel, une sorte de faveur. Et non pas un droit. C'est absurde et c'est scandaleux ! Certains chefs d'antenne des services d'état civil de la ville que nous avons interrogés sur la façon et la méthode que les employés utilisent rejettent la faute sur les citoyens qui font preuve d'incompréhension et d'un manque de civisme patent avec lequel ils sont habitués à vivre dans notre société. Dans ce chapitre, il faut noter que l'informatisation des fichiers notamment des registres de naissances n'a toujours pas été effectuée aux services des collectivités locales du chef-lieu de la wilaya de Annaba. En effet, pour y délivrer le moindre acte de naissance en français ou en arabe, les agents de l'APC procèdent à une recherche laborieuse sur de vieux registres déchirés et mal entretenus, et dont la plupart datent des années 1960 et 1970. Informatisation de l'état civil Malheureusement, par défaut de modernisation, tous les services des APC de la wilaya de Annaba vivent dans une certaine pagaille, compte tenu du nombre incessant de citoyens qui se rendent quotidiennement au niveau des antennes administratives. Il ne passe pas un jour sans que les citoyens soient confrontés à des problèmes. Plusieurs d'entre eux rencontrés sur les lieux affirment à ce sujet qu'ils sont confrontés à un véritable calvaire : ils se voient notamment exiger des agents de l'APC le lieu de naissance ou l'adresse avant de prétendre à un extrait de naissance ou une fiche familiale. Et la majorité des demandeurs sont renvoyés vers des antennes plus éloignées. Les conditions devraient être sérieusement améliorées en matière de délivrance des documents administratifs, et ce avec l'informatisation du système interne qui demeure inefficace. Avec l'installation d'un système d'archivage par ordinateurs, cela faciliterait sensiblement l'accès aux documents de l'état civil. En outre, la commune d'Annaba compte 20 000 naissances par année qui devraient normalement être enregistrées dans des fichiers informatiques pour moderniser au moins l'état civil. Dans cette wilaya, on peut imaginer tout. Il n'y a pas longtemps, des documents officiels administratifs et des certificats de résidence vierges ont été mis en vente dans une libraire située à la Ménadia pour le prix de 10 DA !