Photo :S. Zoheir De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche La rentrée sociale a été, cette année, des plus ennuyeuses pour les citoyens. Après les achats d'effets vestimentaires et les articles scolaires, les parents ont eu à affronter d'autres difficultés par rapport aux inscriptions de leurs enfants dans les établissements scolaires et universitaires. Ces opérations sont tributaires de la fourniture de plusieurs pièces administratives exigées par les différents organismes. A côté de ce beau monde qui grossit chaque année et qui est contraint de faire des queues interminables devant les guichets du service d'état civil des APC, s'ajoutent les autres citoyens qui ont des documents administratifs à retirer auprès des mêmes services pour déposer leurs dossiers relatifs à l'emploi, au logement, à la construction, aux transactions diverses et autres domaines de la vie économique et sociale.Face à l'augmentation du nombre de prestations, qui vont de la simple légalisation d'une photocopie à un extrait d'acte de naissance, les citoyens et les agents des services communaux ont, à chaque rentrée sociale, du pain sur la planche et un parcours du combattant à effectuer. Cela exige d'eux de s'armer d'une grande dose de patience ; sans cela, les rapports entre administrés et administrateurs virent souvent à des scènes d'altercation et d'engueulade. A l'instar des autres régions du pays, dans la wilaya de Bouira, on assiste quotidiennement à cette situation déplorable où des citoyens des deux côtés des guichets s'entre-déchirent pour un oui ou un non. Ce désaccord est aussi amplifié à cause des erreurs de transcription ou des imperfections et aussi de fausses déclarations contenues dans les documents délivrés. Souvent les agents se trouvent dépassés par le nombre de citoyens devant les guichets, où travaille un nombre réduit d'employés dans un espace relativement exigu dont la construction remonte à plus de 20 ans, alors que le nombre de citoyens de chaque municipalité a presque quadruplé depuis cette époque. Sur un autre registre, un grand nombre de citoyens s'interrogent sur la pénurie enregistrée en matière d'imprimés pour certains documents qui sont très demandés. Cette situation qualifiée par les citoyens d'anarchique est plus ressentie au niveau des grandes agglomérations comme Bouira, M'chedallah, Lakhdaria et Sour-El-Ghozlane où affluent quotidiennement des milliers de citoyens habitant des communes dites rurales, du fait que ces villes sont les seuls endroits où les administrés peuvent, en même temps, régler leurs problèmes administratifs, se soigner et vaquer à d'autres tâches.Ainsi, déposer un dossier pour une carte d'identité nécessite pour le citoyen un déplacement vers le chef-lieu de daïra, que dire alors de la délivrance d'un certificat de nationalité, d'un extrait du casier judiciaire ou d'un dépôt de dossier au niveau de la sécurité sociale. Du côté des autorités locales, où l'on reconnaît l'existence d'imperfections dans ces prestations, le discours est toujours au stade de promesses pour une amélioration du rôle du service d'état civil, par la réalisation d'antennes administratives, l'extension des guichets, l'informatisation de l'état civil, élargissement des horaires d'ouverture des bureaux et le recrutement d'agents compétents pour répondre aux besoins des citoyens. Mais souvent ces promesses finissent dans un oubli total, en raison des procédures et des difficultés auxquelles les assemblées sont aussi confrontées. Cependant, certains responsables n'hésitent pas à se justifier par le comportement incivique de leurs administrés vis-à-vis des employés. Ces derniers s'interrogent sur ce que font les citoyens avec tous ces documents, délivrés un grand gâchis en temps et papier est enregistré au niveau des services d'état civil. Concernant le problème des erreurs de transcription, un président d'APC a indiqué que ses employés reproduisent fidèlement ce qu'ils trouvent sur les livrets de famille. Ces derniers, déjà mal entretenus par leurs propriétaires, comportent des erreurs non corrigées depuis plusieurs années, et «devant cet état de fait, même un agent assez compétent peut être induit en erreur». Au niveau du chef-lieu de la wilaya, les responsables avouent que le personnel dispose d'un niveau d'instruction assez appréciable et que les recrutements obéissent à des critères fixés par la Fonction publique en matière de diplômes et de niveau d'instruction. D'un autre côté, les citoyens, terrassés par la lourdeur et la rigueur de l'administration sur le nombre de pièces administratives à fournir, ne cessent d'invectiver les agents communaux en les accusant d'incompétence et de pratique de favoritisme. Bon gré mal gré, ces attaques finissent souvent par gonfler la protestation des citoyens et affectent de jour en jour les rapports, déjà fragiles, entre l'administration et les administrés jusqu'à remettre en cause la symbolique de l'Etat.