Le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a beau prôner la lutte contre la bureaucratie, la gabegie, l'anarchie et la mauvaise gouvernance, mais un grand nombre d'administrations publiques ont la peau dure et semblent n'accorder aucun crédit aux instructions du Premier ministre, ni à celles du ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia. Jugez-en ! Depuis plus de trois ans, une antenne administrative communale a été inaugurée, en grande pompe, à Mahdia, une localité rattachée à la commune d'Oued Tlélat, située à 20 km de la ville d'Oran, pour rapprocher l'administration du citoyen, mais jusqu'à ce jour aucune prestation n'est fournie. En effet, après avoir dépensé des millions de dinars pour sa réhabilitation et sa dotation afin d'alléger les souffrances des habitants, surtout les personnes âgées et les malades de plus de 4 localités (Mahdia, Mouallek, Chekalil, Fethia et plusieurs fermes) qui avalaient régulièrement des kilomètres pour retirer leurs documents administratifs (extrait de naissance, fiche familiale, certificat de résidence…), et après avoir détaché un élu en tant que délégué communal, l'antenne administrative est, certes, ouverte mais ne satisfait aucun besoin des milliers de demandeurs. Rentrée scolaire oblige, et devant l'affluence record des citoyens au service de l'état civil du chef-lieu de la commune Oued Tlélat, nous nous sommes rendus à Mahdia pour en savoir plus sur la situation ambiante. Notre surprise fut totale : “L'antenne est ouverte mais nous ne fournissons aucune prestation. J'ignore les raisons”, déclare l'employé, cadre universitaire titulaire, affecté à l'antenne depuis plusieurs années. En fait, l'employé et une jeune fille se roulent les pouces en attendant une hypothétique visite d'inspection du wali d'Oran, ou un “messie” du ministère de l'Intérieur pour faire semblant de travailler. “Nous ne délivrons ni extrait de naissance, ni autre document”, répond naïvement la jeune fille. De leur côté, les habitants sont fatigués des fausses promesses. “Tout le monde est au courant. Vous croyez que le wali d'Oran ignore cette situation ?” peste un citoyen. Face à cette situation invraisemblable, et pour éclairer notre lanterne, nous avons contacté le délégué communal de Mahdia qui n'a pas hésité à faire toute la lumière sur un scandale qui met à nu les prestations du service public offertes aux contribuables : “Depuis 2007 (l'installation de l'assemblée communale) et ma désignation en tant que délégué, je n'ai cessé de réclamer le cachet rond officiel pour délivrer les documents administratifs mais sans succès. Le P/APC refuse. D'ailleurs, j'ai saisi le SG de la commune pour savoir quelle est exactement ma mission à l'antenne administrative de Mahdia. J'attends toujours une réponse. Oui, j'ai la délégation de signature. Nous avons dépensé des millions de dinars pour réhabiliter le siège, et nous payons un cadre universitaire titulaire, du budget communal sans qu'il fournisse un effort au profit des habitants. J'ignore pourquoi l'antenne est ouverte”, a formellement déclaré B. K., l'élu délégué-communal de Mahdia. “Cette situation montre à quel point les responsables locaux sont défaillants, et à quel point l'impunité est devenue la règle. Le citoyen souffre. Ici, les gens sont sages et respectent l'autorité de l'Etat”, fait savoir un père de famille, livret de famille à la main. Aujourd'hui, les citoyens sont démobilisés et ne croient plus aux slogans creux de l'administration. “Le mandat des élus tire à sa fin et nous attendons toujours pour retirer une fiche familiale”, se désolent des habitants rencontrés.