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LFC 2013 s'inscrit-elle au sein d'une planification stratégique ou dans le cadre d'une vision de court terme ?
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 11 - 2012

La loi des finances 2013 est en discussion. L'Algérie n'a pas, depuis des décennies, un cadre de planification stratégique, les meilleurs planificateurs au monde étant les firmes transnationales, dotées de départements stratégiques, ce qui explique le recours aux lois de finances complémentaires, devant nous référer qu'aux lois de finances, alors qu'elles ne sont en principe qu'un document comptable budgétaire statique.
Quelle leçon à tirer ? Au préalable, il convient de relever un désaccord entre les prévisions du gouvernement et celles du FMI où dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales publié à l'occasion de la tenue de son assemblée annuelle prévue du 9 au 12 octobre à Tokyo (Japon), l'Algérie réaliserait, pour l'année 2012, une croissance économique de 2,6%, un taux révisé à la baisse, puisque cette même institution, dans un rapport du mois d'avril dernier, tablait sur une croissance du PIB de 3,1%. Qu'en sera-t-il en réalité pour 2O13 où le FMI table sur un taux de croissance de 3,4% en 2013 rendant impossible la création des 3 millions d'emplois productifs prévus entre 2010-2013. Sans oublier que début 2O12, le gouverneur de la Banque d'Algérie avait mis en garde le gouvernement du fait que la dépense publique se situe à environ 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40-45 dollars pour le budget d'équipement soit 110-115 dollars et en cas d'un cours inférieur à 80 dollars, le fonds de régulation des recettes s'épuiserait dans trois à quatre ans. Comme il convient de signaler que ce recul du déficit budgétaire s'explique par le fait que le budget de l'équipement enregistre un net recul par rapport au budget de fonctionnement, c'est que le fondement des différentes lois de finances repose ainsi essentiellement sur la rente des hydrocarbures. L'économie algérienne est une économie totalement rentière avec 98% d'exportation d'hydrocarbures et important plus de 70% des besoins des ménages et des entreprises. Tout est irrigué par la rente des hydrocarbures donnant ainsi des taux de croissance, des taux de chômage et des taux d'inflation fictifs. L'on peut démontrer qu'il existe une corrélation statistique entre le cours des hydrocarbures et la valeur du dinar algérien de plus de 70%. En 2012, sans hydrocarbures, le dinar flotterait avec un cours qui dépasserait 450 dinars un euro soit une dévaluation de 300%. Le taux d'inflation non comprimé serait supérieur à 10% en référence au taux officiel, et plus de 20% sans subventions et le taux de chômage, inclue la sphère informelle, serait supérieur à 50/60% de la population active estimée à plus de 11 millions pour 2011. Sur le plan diplomatique, l'Algérie jouerait, sans hydrocarbures, un rôle presque nul. Ainsi, la rente des hydrocarbures contribue à l'effacement artificiel tant de la dette extérieure qu'intérieure via les assainissements répétées des entreprises publiques et des services collectifs, des bonifications des taux d'intérêts et donc directement et indirectement à 80% du produit intérieur brut via le couple dépenses publiques/hydrocarbures. La société des hydrocarbures ne crée pas de richesses ou du moins très peu, transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l'entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change qui, du fait de la faiblesse de capacité d'absorption sont placées à l'étranger (86% des 193 milliards de dollars au 1 septembre 2012 y compris le quota au sein du FMI (environ 3 milliards de dollars en 2012) et les récents 5 milliards de dollars prêtés au FMI). Comme les taux de change des banques centrales sont pour le dollar entre 0-0,25%, l'euro à 0,75%, le yen un taux proche à 0, 1% et celui de la livre sterling de 0,5%, le taux d'intérêt des DTS a été de 0,08% au 15 septembre 2012, avec le taux d'inflation mondial qui avoisine 3%, (bien que la majeure partie selon le ministère des Finances étant placée à moyen terme à un taux fixe de 3%), cela donne un rendement très faible, voire négatif. Urgence d'une transition vers une économie hors hydrocarbures De plus en plus d'observateurs nationaux se demandent alors pourquoi continuer à épuiser les réserves pour aller placer cet argent à l'étranger accélérant l'épuisement des réserves. Ou alors pourquoi ne pas les placer en fonds d'investissement soit à l'étranger ou au niveau local. Les réserves se calculant par rapport au vecteur prix international, évolution des coûts et de la concurrence des énergies substituables, selon les revues internationales dans moins de 15 ans, en cas de non découvertes substantielles, surtout avec les nouvelles raffineries programmées, l'Algérie sera importateur net de pétrole (cela a été le cas de l'Indonésie) ayant 1% des réserves mondiales. Concernant le gaz algérien, le département d'Etat à l'Energie US, dans un rapport de mai 2011, estime que l'Algérie détient 2,37% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel conventionnel estimées à 4 502 milliards de mètres cubes. Selon les extrapolations de l'organisme de régulation le Creg, la consommation intérieure devrait passer de 35 à 50 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2017. Mais ce calcul ayant été fait avant que ne soient décidés suite aux coupures d'électricité en 2012, le doublement des capacités électriques privilégiant les turbines à gaz et des centrales fonctionnant au gasoil dans le Sud, allant donc vers plus de 60/70 milliards de mètres cubes gazeux en cas de non rationalisation des coûts de l'énergie, incompressible si l'on veut un réel développement intérieur. A cela s'ajoute le volume exportable extrapolé tant à travers les canalisations que pour le GNL, 85 milliards de mètres cubes gazeux alors qu'elle peine actuellement à atteindre 55/60 milliards de mètres cubes gazeux. Avec 4 500 milliards de mètres cubes de gaz, la durée de vie pour un prix de cession moyen, à coûts constants, - de 10 dollars le MBTU pour les canalisations et 13/14 dollars pour le GNL, serait moins de 25 ans. Face à ce constat, les récents amendements proposés pour la loi des hydrocarbures seront-ils suffisantes pour redynamiser le secteur ? Car pour le calcul réel des réserves du pétrole-gaz, il y a lieu de tenir compte de la forte consommation intérieure posant la problématique des subventions certes nécessaires mais non ciblées, entraînant un découragement de la production locale et un gaspillage des ressources rares au niveau intérieur et des fuites hors des frontières. Que sera alors l'Algérie avec une population en 2012 de 37 millions et horizon 2030 de 50 millions sans hydrocarbures ? Il faut éviter cette illusion de dépenser sans compter conduisant à un suicide collectif, tous les segments de la société voulant leur part de rente et immédiatement. Les réformes structurelles, difficiles sont constamment différées car déplaçant les segments de pouvoir de la rente. Ces réformes impliquent un sacrifice partagé, alors que nous assistons à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière. Cela pose la problématique d'un Etat de droit et d'une gouvernance renouvelée se fondant sur le savoir et l'entreprise créatrice de richesses, condition du passage d'une économie rentière à une économie hors hydrocarbures tenant compte des importants bouleversements géostratégiques du monde. Confortée par une richesse artificielle ne provenant pas du travail, la facilité du gouvernement, à 18 mois des élections présidentielles est une distribution passive de la rente pour assurer la paix sociale, sans logiques économiques. Cette tendance est confirmée par les lois de finances 2011/2013. (Suite et fin)

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