Les grandes puissances ont fait la cour à l'Algérie, non pas pour que celle-ci accepte d'intervenir pour faire prévaloir une solution politique, mais plutôt pour la faire intervenir militairement hors de ses frontières. Nombre d'arguments occidentaux convergent vers sa nécessaire implication militaire comme gage d'une victoire militaire. On évoque même le fait que rien ne se fera de bien, vite et de façon propre sans l'intervention de l'armée algérienne. Si les grandes puissances le pensent, c'est que cela est vrai. S'impliquer militairement dans son voisinage immédiat ? Cela constituerait un scoop que d'avoir la certitude que l'armée algérienne traversera ses frontières pour combattre dans un pays voisin. Elle est toujours fidèle à ses principes. Mais les principes sont-ils condamnés à être immuables ? Devrait-elle s'estimer engagée à répondre positivement du fait que le Conseil de sécurité de l'ONU aura approuvé une intervention militaire de la Cédéao ? Si l'ennemi est au-delà de ses frontières nationales et qu'il continue à constituer une menace extérieure sérieuse, faudrait-il faire comme les Européens et créer une force de projection pour aller combattre à l'extérieur du pays ? C'est toute la doctrine miliaire nationale qui aura à changer, alors que la constitution d'une telle force gagnerait à concerner tous les pays membres de l'espace géopolitique auquel elle devrait s'arrimer. L'Algérie lutte par ses propres moyens, en engageant ses propres finances pour le bénéfice même des grandes puissances qui admettent pourtant que le terrorisme est transfrontalier.