Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), met l'accent sur l'absence de coordination entre les 15 ministères qui s'occupent de l'enfance, avec parfois même des antagonismes entre eux. De gros investissements sont consentis dans ce domaine mais il n'y a pas de résultats perceptibles chez les enfants, ajoute-t-il. Il réitère sa demande de création d'une structure de coordination qui regrouperait toutes les compétences et assurerait une prise en charge permanente de l'enfance avec la société civile comme partenaire. Il propose la création d'un secrétariat d'Etat à l'enfance. Les chiffres effarants qu'il présente exigent cette restructuration et la réadaptation des textes juridiques afin, selon lui, de bien prendre en charge les enfants en danger. Le rapport annuel de la Forem fait état de 50 000 enfants mal traités, 10 000 violés, 350 000 qui travaillent de façon permanente et au noir, 20 000 livrés à eux même et sont dans la rue et 15 000 présentés devant les tribunaux. L'enlèvement, la semaine dernière, de la petite Chaima, âgée de 8 ans, a porté le nombre de kidnappings d'enfants en 2012 à 36. Depuis 2001, 1 000 enlèvements ont été enregistrés, rappelle-t-il. Chaque enlèvement d'enfants est une disparition de trop, lance-t-il. Il n'hésite pas à se prononcer pour la peine de mort dans le cas d'enlèvements d'enfants suivis d'agressions sexuelles et d'assassinats. Il souhaite qu'il y ait des alertes à l'enlèvement d'enfants en mobilisant les radios locales, en procédant à l'affichage et en ayant recours au contrôle au niveau des barrages dans les 2 heures qui suivent l'enlèvement car, fait-il observer, c'est dans ce laps de temps qu'il faut réagir à plusieurs niveaux, pas seulement les services de sécurité. Il constate qu'il y a une une prise de conscience comme le montre le fait que les enfants sont accompagnés à l'école par leurs parents. Il y a également une vigilance et une implication de la société puisque des enlèvements ont été mis en échec grâce à l'intervention de la population et à l'esprit de responsabilité des citoyens. L'explosion démographique et le développement d'agglomérations mal disposées sont, d'après le Pr Khiati, des facteurs qui favorisent l'essor de ce fléau, en apparence garanti par l'anonymat. Le président de la Forem a attiré également l'attention sur le fléau de la drogue dont l'implication se trouve dans tous les crimes (depuis le plus petit vol jusqu'à l'assassinat). C'est un véritable danger, dit-il, pour l'Etat et la nation, face auquel toute la société doit se mobiliser. Il rappelle que 20 à 25% des enfants scolarisés, dans le moyen et le secondaire, ont touché à la drogue et plus de 300 000 personnes prennent de la drogue tous les jours. Autres chiffres inquiétants cités par le Pr Khiati : à fin 2012, plus de 100 tonnes de kif et plus de 130 kg de cocaïne et d'héroïne auront été saisis.