Mustapha Khiati, de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), a vivement critiqué la gestion «bancale» l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Il a tiré à boulets rouges sur cet organisme qui reste otage de sa subordination à la justice. Aussi, il récuse formellement les chiffres avancés la semaine dernière par le DG de l'Office, M. Abdelmalek Sayah. Selon lui, au moins un million de jeunes algériens s'adonnent régulièrement à la drogue. Le président de la FOREM, qui intervenait hier sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, a déclaré qu'«il peut y avoir le double ou le triple du chiffre avancé 250.000 ou de 300.000 consommateurs de drogue. Et puis ça ne sert absolument à rien de balancer des chiffres en l'air comme ça. Il faut travailler sur le terrain pour constater concrètement l'ampleur du fléau. Il faut agir». Pour ne pas fausser les statistiques, M. Khiati a précisé qu'il faut différencier entre les consommateurs occasionnels et ceux chroniques, dépendants. « Le phénomène de la drogue est dynamique et évolue continuellement. Le nombre de consommateurs peut dépasser un million. Et il faut préciser que c'est un chiffre qui reste approximatif », a-t-il souligné. Dans sa dynamique en Algérie, la drogue est déjà présente dans les établissements moyens, selon l'invité de la radio. «Même les collégiens de 12 ans commencent déjà à consommer surtout de la drogue, sans oublier les enfants de rue qui débutent bien avant cet âge ». et de préciser que «généralement, les jeunes se lancent dans la consommation à partir de 15 ans ». Les 15-30 ans sont les plus grands consommateurs D'après le professeur Khiati, la catégorie des 15-30 ans est majoritaire dans la consommation de la drogue aujourd'hui en Algérie. Dans la foulée, il a dévoilé que la gente féminine se drogue de plus en plus. Géographiquement, les quartiers algérois de Delly Brahim et Ben Aknoun, sont les lieux dans lesquels la FOREM recense plus de consommatrices de drogue ; 17 % selon Mustapha Khiati. Par ailleurs, le professeur a critiqué manifestement l'office d'Abdelmalek Sayah. Un office qui, d'après lui, perd ses prérogatives en étant sous tutelle du ministère de la justice. « On ne peut pas être juge et partie. Il devient nécessaire de revoir le fonctionnement de cet office, de dégager une stratégie commune et de créer un mécanisme de coordination qui peut mener des actions au niveau national. La société civile est… aliénée, marginalisée. Depuis plusieurs années, on n'arrive pas à engager une stratégie, un travail sérieux sur le terrain », a-t-il déploré. Programme de la FOREM D'après M. Khiati, la prévention, la sensibilisation et l'information, qui constituent normalement le trio axiomatique de lutte contre le fléau des drogues, sont carrément abandonnées par les responsables concernés. La FOREM a tracé, selon son 1er responsable, un programme de formation d'éducateurs de quartier dans des wilayas où les responsables ont été réceptifs. En revanche, «dans d'autres wilayas, on ne veut même pas parler de ce problème », a-t-il dit en plaidant pour l'implication des associations et des familles. Il a rappelé qu'à la fin 2009, 70 tonnes de cannabis ont été saisies par les services de sécurité. « C'est un voyant rouge qui s'est allumé. Il y a également la consommation des drogues dures telles que la cocaïne dans les grandes villes qui prend de l'ampleur. C'est inquiétant », a-t-il noté. Ces saisies ne constituent que 10% de la quantité consommée, selon le même professeur.