Les cérémonies marquant le 2e anniversaire de la chute de pouvoir de Hosni Moubarak oranisées par les «Frères musulmans» se sont terminées en un bain de sang. Au total, 40 personnes ont trouvé la mort, 2 000 autres ont été blessées et des dizaines d'édifices publics saccagés. A la veille marquant cet anniversaire, des manifestations organisées par l'opposition ont dégénéré et se sont reconverties en heurts avec les forces de police au Caire, Alexandrie, Suez et dans plusieurs autres endroits du pays. Sept personnes ont été tuées à Suez et une à Ismaïlia et plus de 450 autres blessées. Au Caire, des manifestants se sont rassemblés aux abords de l'immeuble qui abrite la télévision d'Etat et le ministère de l'Information, avant de se rendre à la place Tahrir dans le centre-ville. Une foule de milliers de personnes y est rassemblée. Une énorme pancarte était déployée sur la place avec l'inscription «Le peuple veut faire chuter le régime», tandis que la foule scandait «dégage, dégage!» à l'encontre de M. Morsi, comme pour M. Moubarak il y a deux ans. Certains ont passé la nuit sur cette place, qui fut l'épicentre de la révolution de janvier-février 2011. Depuis jeudi soir, des accrochages sporadiques opposent, dans les rues autour de cette place, la police à des centaines de jeunes gens. En lançant pétards et cocktails Molotov, ils ont notamment tenté de démanteler un barrage de blocs de béton pour permettre à la foule de circuler librement dans le centre-ville. Le ministère de l'Intérieur, qui a indiqué que cinq policiers avaient été blessés, a appelé les manifestants à éviter les confrontations avec les forces de l'ordre. D'autres rassemblements sont prévus devant le palais présidentiel d'Héliopolis dans la banlieue de la capitale, ainsi que dans plusieurs villes de province comme Alexandrie (nord) et Assiout (centre). Les laïcs et les libéraux, rassemblés au sein du Front du salut national (FSN), accusent les Frères musulmans de vouloir dominer le pays et de restreindre les libertés civiques, notamment depuis l'adoption, en décembre par référendum, d'une Constitution controversée. Au lieu de reporter le jugement des prisonniers de Port-Saïd pour apaiser la situation, le gouvernement a laissé se dérouler le procès normalement comme si rien n'était. Pour rappel le procès concerne les personnes impliquées dans les incidents qui ont fait 74 morts à la fin du match opposant Port-Saïd et l'Ahly du Caire. Dès l'annonce du verdict au Caire, des milliers de supporters de l'équipe d'Al-Ahly ont laissé exploser leur joie. Au même moment et comme on s'y attendait, le verdict est tombé tel un couperet sur les familles des prisonniers et les habitants de Port-Saïd. Des milliers de jeunes ont attaqué les édifices publics à Port-Saïd et ont tenté de libérer par la force les prisonniers. Deux policiers dont un officier ont été assassinés avant que les forces de l'ordre ne ripostaient faisant au moins 25 tués dans le tas. Le bilan des victimes pourrait être plus lourd dans les prochaines heures car la situation demeure explosive à Port-Saïd. Depuis la chute du pouvoir de Hosni Moubarak, la situation s'est dégradée en Egypte et les teneurs du pouvoir n'arrivent plus à rendre le calme au pays. Une seule question mérite d'être posée à savoir : « Où mènent-ils l'Egypte, les Frères musulmans ?».