C'est à Napoléon Bonaparte que l'on doit le baccalauréat sous sa forme actuelle. En 1808, Napoléon rétablit les universités de l'Ancien Régime que la Révolution avait supprimées (Théologie, Droit et Médecine) et crée deux facultés nouvelles (Lettres et Sciences). Par décret organique du 17 mars 1808, il restaure la «maîtrise ès arts» qu'il nomme «baccalauréat». Il s'agit du premier grade universitaire. Les candidats autorisés à composer doivent avoir au moins 16 ans et ne passent alors que des épreuves orales portant sur les auteurs grecs et latins, la rhétorique, l'histoire, la géographie et la philosophie. La première session a lieu l'année suivante et compte 31 bacheliers, essentiellement issus de la bourgeoisie. Le baccalauréat ès sciences n'est créé qu'en 1852. Le baccalauréat a aujourd'hui 204 ans et sa valeur ne devrait pas changer partout dans le monde car c'est l'un des points fort de l'éducation et de la démocratisation de l'enseignement mais à condition de ne pas le dévaluer de sa valeur et ne pas courir après des taux de réussite qui ne montre pas le vrai visage du bachelier futur homme de demain car les sujets doivent obéir au programme enseigné et à un niveau acceptable ou la majorité du taux de réussite tourne autour de moyennes de 12 et la rareté autour des mention bien et très bien. Ainsi les meilleurs qu'ils soient pauvres ou riches auront les meilleures opportunités de formation car seule la compétence est prise en compte. Devenu depuis l'indépendance de l'Algérie, un diplôme essentiel dans le cursus d'un étudiant, le baccalauréat, dans le droit fil de l'histoire... française, est conçu pour mesurer l'ampleur de la tâche à venir dans un pays qui commence à bâtir une administration nationale et qui a besoin de cadres de haut niveau. On n'a qu'à regarder le nombre de candidats algériens au Bac en 1962 : ce faible nombre déclenche une course au diplômé entre départements et organismes recruteurs (établissements d'enseignement supérieur, administration...), concrétisée par des compléments de bourse et autres avantages... On avait même instauré des contrats de pré-recrutement à partir de la classe de la seconde. Cette méthode avait notamment été appliquée par l'Ecole de formation d'enseignants pour attirer les élèves enseignants. Plusieurs établissements de formation des cadres qui étaient réservés aux bacheliers, ouvraient leurs portes aux élèves non-bacheliers pour combler le manque d'effectif en candidats. Les écoles militaires d'officiers recrutaient à tour de bras chez les titulaires du brevet... Dans les années 1970 et 1980, seule une minorité arrivait à décrocher le Bac, ce qui lui ouvrait la voie des études universitaires en Algérie et à l'étranger avec une bourse en plus. Aujourd'hui, même avec le Bac en poche, le futur candidat aux études universitaires se retrouve face à une inflation d'offres d'écoles privées et une pénurie en matière de bancs d'université dans tous les départements. En droit et économie, c'est dès le premier jour d'inscription que toutes les places pédagogiques sont disponibles. Depuis l'indépendance, l'Algérie a connu des modifications radicales en matière d'éducation passant du bilinguisme, français et arabe, à l'arabisation complète de l'enseignement à la fin des années 1980, puis à un nouvel encouragement des langues étrangères. De quoi tournebouler les meilleurs. Cette année, avec plus de 300 000 candidats, et un taux moyen d'environ 58% de réussite, ce qui n'est pas si mal, le Bac n'est plus que le sésame d'entrée à l'université... et n'empêche pas le pays de s'enfoncer dans une crise structurelle. L'Algérie a perdu du terrain en matière d'éducation Comparé à ses voisins maghrébins, l'Algérie fait figure d'élève moyen au Maghreb et l'UNESCO a déjà appelé les pays du Maghreb à «opérer un changement radical de leur politique pour garantir l'éducation pour tous en 2015», lors d'une récente rencontre à Tunis. «Les dépenses pour un élève marocain sont de 525 dollars par an, contre 700 en Algérie et plus de 1 300 pour un élève tunisien». Je suis conscient que mes paroles sont assez dures à assimiler, mais je suis convaincu que le ministère de l'Education nationale bien qu'il soit en grande partie responsable de ses dysfonctionnements, il partage cette responsabilité avec d'autres acteurs dont les bacheliers inconscients. Car aujourd'hui à chaque chahut habituel d'adolescent et surtout pendant le mois de janvier, le ministère fait des concessions et l'une des plus graves est celle du seuil des programmes que personne n'admet ni les syndicats, ni les parents d'élèves ni la société civile car c'est l'avenir des générations qui sont mises en jeu. Pour le CLA, le seuil est à abolir et si l'élève n'arrive pas à suivre, c'est dû à la réforme qui n'est pas adaptée au système algérien. Aujourd'hui, il est urgent de réformer le Bac, le lycée et la réforme elle-même sans tenir compte des directives de la banque mondiale ni de l'Unesco. Il s'agit-là de l'avenir de l'Algérien, nous pouvons prendre en considération les conseils et les expériences des autres et surtout les adapter à nos générations et nos moyens. Maintenant que ce phénomène est devenu traditionnel dans l'éducation, il faut y mettre fin. La protestation des élèves est un droit qu'il faut savoir gérer et cela fait partie de leur formation, mais celle du seuil est injustifiée et le bac est un examen historique auquel, il ne faut surtout pas toucher à la crédibilité. L'année de la terminale s'impose comme celle de la spécialisation (à présent comme demain). Tous les regards sont tournés vers le bac. Prévue pour 2013, sa formule ne devrait pas être très différente de celle d'aujourd'hui. Sur ce sujet, le ministre marche sur des œufs. «Il s'agit bien de réformer la réforme et non de toucher à la crédibilité du Bac. Le baccalauréat est un mythe, un phénix qui renaît toujours de ses cendres. Aboutissement du cycle lycée, premier grade universitaire, c'est également un diplôme national ancré dans l'Histoire qui incarne la démocratisation de l'accès au savoir. Ce ne serait pas une bonne idée de le supprimer ou de l'amputer. S'il change, ce sera une conséquence de la réforme du lycée. Vu le programme, on ne se mouillera pas trop en imaginant un bac plus personnalisé, laissant une plus large place au contrôle continu. Le ministre de l'Education doit être conscient que trois grands dossiers l'attendent : la réforme de la réforme de l'éducation en tenant compte de l'enseignement technique, la réforme du lycée et celle du Bac pour lui redonner sa crédibilité d'antan car nous ne pouvons pas croire que le nombre de mention très bien qui, aujourd'hui est multiplié par 20, montre ni celui du taux de réussite ni le vrai visage du succès de la réforme en Algérie. Tout le monde est conscient que l'éducation est malade depuis longtemps mais personne parmi les responsables n'a pris en considération les déclarations du CLA et cela depuis l'application de la réforme et le démantèlement des lycées techniques. Les déclarations du CLA et de feu Redouane Osmane sont là pour le prouver. Un appel ou plutôt un SOS est lancé par le CLA à Monsieur le président de la République et à Monsieur le ministre de l'Education pour sauver, ce qui peut être sauvé dans l'éducation car l'avenir de nos enfants est en jeu, le tableau est noir dans ce qui se passe dans nos établissements scolaires. La drogue, les boissons alcoolisés et des armes y circulent, la violence a atteint des degrés impensables allant jusqu'au suicide et au meurtre et la corruption fait rage. Nous retrouvons là tous les maux de notre société à l'intérieur de l'école.