Omar Hamimi, rappeur du groupe algérois «Genoxy» revient dans cet entretien sur la participation de sa formation à l'événement musical «Rock Belda» qui s'ouvre aujourd'hui jusqu'au 22 février prochain dans plusieurs salles d'Alger. Accompagné de Brahim Deriss, également membre du groupe, les deux artistes ont évoqué l'événement «Rock Belda», la sortie prochaine de leur album «M'sid El-Zenka» et une foultitude d'autres sujets. Lisons. La Nouvelle République : Comment est né le groupe «Genoxy» ? Omar Hamimi : Le groupe «Genoxy» était composé au départ, de 5 musiciens (deux Algériens et trois Gabonais) puis, par la suite, il ne restait plus que Brahim Deriss et moi-même. Les Gabonais ont dû quitter le groupe entre 2007 et 2008 car ils étaient obligés de rentrer chez eux. Notre parcours a commencé, au début par une amitié, on rappait, on écrivait des textes qui exprimaient des préoccupations communes. Après, on a décidé de former un groupe «Genoxy» et c'est de cette façon que le groupe «Genoxy» est né. Quels sont les sujets abordés dans vos textes ? On traite, généralement, de sujets sociaux comme la vie sociale à Bab El-Oued. C'est notre quartier et notre vécu de tous les jours. Nous écrivons sur des phénomènes qui se produisent dans notre quartier où nous témoignons beaucoup de sujets qui s'y déroulent. Nous parlons aussi, de la vie sociale en Algérie, du racisme, du rêve. Nous parlons aussi d'amour qui reste la véritable âme du rappeur. Parlons de l'écriture, selon vous, quelles sont les particularités du texte dans le rap ? L'écriture du rap dépend, profondément, de l'inspiration, il faut que l'inspiration sorte du cœur et qu'elle exprime aussi, la vision réelle des choses. Le rappeur doit toujours rester objectif dans son écriture. L'écriture doit être simple quelle que soit la langue parlée pour que le message soit transmis et atteigne le cœur de celui qui l'écoute. Il faut choisir les mots justes, c'est important car le rap ce n'est que de la musique et des paroles, c'est un vécu plein d'émotions. Nous essayons à chaque fois de conserver le vrai rap algérien et de parler de choses utiles à travers nos textes. D'autant qu'avec le temps et notre vécu quotidien, nous avons acquis l'expérience nécessaire pour écrire avec une certaine aisance. Que pensez-vous de la scène rap algérienne ? Le rap algérien a perdu son identité et c'est la faute des rappeurs qui ne sont pas unis pour défendre leurs droits et pouvoir résoudre, par exemple, le problème des salles qui reste majeur pour n'importe quel rappeur souhaitant se produire. Je dirai aussi que le rap algérien, actuellement, s'est dégradé, du fait qu'il y a des rappeurs qui essayent de détourner le rap de son identité et son originalité vers d'autres styles musicaux comme les sons stétois, le rap français ou encore américain. Malgré cela, je dirai que le rap évolue en Algérie, il y a des rappeurs qui tiennent à ce genre de musique et qui essayent de le maintenir en vie même s'il reste toujours un style fragile. Quels sont les groupes de rap, les plus en vue en Algérie ? Il y a plusieurs groupes de rap en Algérie, je ne peux pas tous les citer. Mais chaque groupe a son style musical, il ya des groupes qui sont reconnus et d'autres moins, et il ya beaucoup de jeunes rappeurs qui ont du talent mais qui restent dans l'ombre. Y a t-il un public pour le rap ? Le rap algérien a toujours son public. Un public connaisseur qui se passionne pour ce style de musique et qui essaye de le soutenir et de le maintenir debout. Je dirai aussi qu'il y a beaucoup de jeunes qui veulent écouter du rap car il parle de leur quotidien et de leur vécu. L'essentiel pour un rappeur est d'être à la hauteur des exigences du public et de mieux transmettre le message et à continuer à se demander si le public apprécie toujours ce qu'on lui propose. C'est ce genre de remise en question qui nous aide à aller de l'avant et à progresser. Que pensez-vous du rôle joué par les festivals de rap qu'organise le ministère de la Culture, chaque année, pour encourager des jeunes ? Absolument, ce genre de festivals ou de festivités culturelles encourage les jeunes rappeurs et les jeunes amateurs, cela les pousse à aller de l'avant et de s'intéresser à ce genre de musique au lieu par exemple, rester sans rien faire, devenant ainsi la proie de tous les vices. Y a-t-il un rap féminin ? Il y a de vrais noms dans le rap féminin et il y a de belles voix. Je dirai que le rap n'est pas consacré, uniquement aux garçons, même les filles peuvent rapper et peuvent être à la hauteur, la seule chose à ne pas perdre de vue, c'est la transmission d'un message. Vous participez à l'événement «rock belda» qui se déroule actuellement à Alger, dites-nous en plus ? On va participer à la manifestation «Rock Belda» qui va regrouper plusieurs formations dans différents styles musicaux comme le rap, rock, punk et metal, avec un morceau énergique intitulé «hip hop, rana djina». ça parle de notre style et de notre groupe. Notre spectacle sera programmé le 21 février prochain à la dalle Atlas à 18h. Cet événement nous permettra de partager et réaliser un échange culturel avec des musiciens toulousains. Cette manifestation nous permettra aussi, de nous évaluer et d'échanger nos idées et expériences, d'autant que cette fois plusieurs artistes et groupes se produiront. Vous préparez un nouvel album «M'sid El-Zenka», que pouvez-vous nous dévoiler à ce propos ? On est en train de préparer un nouvel intitulé «M'sid El-Zenka» mais on n'a pas encore précisé le nombre de chansons. A travers «M'sid El-Zenka», nous voulons montrer que la rue peut être une école et une source d'inspiration pour l'artiste. Elle est également un lieu où l'on peut découvrir la réalité des choses.