L'avant-première du film documentaire de Malek Bensmail, «La Chine est encore loin» a été projeté, lundi soir, à la Cinémathèque algérienne. D'une durée de 130 minutes, «La Chine est encore loin» revient sur l'épopée du 1er-Novembre 1954 où un couple d'instituteurs français et un caïd algérien sont victimes d'une attaque meurtrière près de Ghassira, un petit village chaoui. Cet acte marque le début de la guerre pour l'indépendance de l'Algérie. 50 ans après, Malek Bensmail film dans cet endroit de l'Algérie car il le considère comme le «berceau de la révolution». Il interroge de ce fait, ses habitants sur leur rapport à l'histoire, convoquant ainsi la mémoire. La caméra s'arrête sur des visages d'écoliers d'aujourd'hui, c'est l'Algérie contemporaine qui se donne à voir, entre acceptation et révolte, entre mémoire et présent. Le réalisateur accompagné de son équipe ont mis huit mois pour tourner ce film entre l'année scolaire 2006-2007. A l'issue de la projection, le réalisateur s'est prêté au jeu des questions. A la question de savoir quel était le degré sincérité du personnage, Malek Bensmaïl estime avoir donné une petite initiation aux techniques de tournage aux élèves de l'école qui se sont «très vite habitués à la présence de l'équipe et du matériel en classe». Et d'ajouter : «D'autres personnages adultes comme celui de «Azzouz» ou de l'«Emigré», qui se lamentent sur la misère et l'abandon d'un patrimoine et d'une région si riche, se sont appropriés la caméra et ont illustré leurs convictions «de façon un peu surjouée». Ce documentaire se targue également de soulever la condition féminine chaouie et ce, à travers les rôles de la femme de ménage de l'école qui se dévoile progressivement à la caméra et qui a «exigé» de témoigner à la fin du film pour parler de son parcours du combattant vers l'émancipation surtout du lourd legs de la décennie noire. Concernant le choix du titre : «La Chine est encore loin», le réalisateur a indiqué que le choix s'est imposé à lui suite à une discussion avec sa mère. Cette dernière lui a rappelé les propos du prophète de l'Islam disant «Recherchez le savoir jusqu'en Chine», «pour montrer des lacunes dans l'éducation, le tourisme et la prise en charge et la valorisation du patrimoine algérien», expliquera-t-il. Malek Bensmail est né en 1966 à Constantine en Algérie, il réalise des essais en super 8 et obtient le premier prix national du film amateur en Algérie. Il poursuit des études de cinéma à Paris, puis un stage de quelques mois aux Studios Lenfilm de Saint-Pétersbourg. Auteur d'une importante filmographie sur l'Algérie, Malek Bensmaïl développe plus singulièrement des projets sur la relation Orient-Occident et les rapports Nord-Sud, tentant ainsi de construire une nouvelle pensée mixte, multiple et au final peut-être plus riche... Après Territoire(s), Décibled et Boudiaf, un espoir assassiné, il réalise un court métrage en 2001 intitulé DêmoKratia. «La Chine est encore loin est sorti en 2008. Ce long métrage documentaire a décroché le prix spécial du jury du 30e festival des trois continents à Nantes (France) en 2008 et du grand prix du festival international du film documentaire de Munich en 2009.