Le dirigeant d'un parti islamiste bangladais a été condamné jeudi à la peine capitale pour des crimes de guerre commis pendant la guerre d'indépendance, en 1971. Delwar Hossain Sayedee, 73 ans, vice-président du principal parti islamiste du Bangladesh, le Jamaat-e-Islami, a été reconnu coupable pour des faits de génocide, viol, pillage, incendie criminel, et pour avoir forcé la minorité hindoue à se convertir à l'islam pendant la guerre d'indépendance, ont annoncé des avocats et responsables du tribunal. Le verdict a provoqué dans plusieurs régions du pays des manifestations de soutien au condamné, qui ont fait au moins 15 morts et 200 blessés lors d'affrontements avec la police. Dans le district de Noakhali, au sud de la capitale Dacca, les manifestants ont mis le feu à un temple hindou et à plusieurs maisons, rapportent des journalistes. Dans le bazar de la ville de Cox, dans le sud du Bangladesh, ils ont attaqué une caserne de la police. Le Tribunal international des crimes est une cour spéciale de justice qui a été créée en 2010 par le gouvernement pour juger les crimes commis durant la guerre d'indépendance contre le Pakistan. Mais ce tribunal est critiqué par l'opposition, qui le qualifie d'entité politisée utilisée par le Premier ministre, Sheikh Hasina, contre ses opposants, et par des organisations de défense des droits de l'Homme, qui jugent que ses procédures ne respectent pas les normes du droit international. Chacun de ses arrêts - il a depuis le début de l'année condamné deux autres responsables du Jamaat, l'un par contumace à la peine capitale, l'autre à la prison à vie - ont suscité des manifestations de soutien plus importantes que celles de ses détracteurs. Le Bangladesh a conquis son indépendance en décembre 1971 à la suite d'une guerre de neuf mois livrée contre le Pakistan, qui a fait jusqu'à trois millions de morts, selon les estimations les plus lourdes. Le Jamaat avait fait partie à l'époque des organisations hostiles à la partition.