Au cours de cet entretien, M. Saâdi, nouveau président de l'APC, nous a brossé un tableau des différents projets inscrits dans le cadre des PCD ainsi que la réhabilitation du tourisme qui pourrait donner un nouvel essor à la ville. Depuis longtemps, les habitants attendent un vaste plan pour le développement du tourisme capable de créer de nombreuses activités et ainsi réduire le chômage qui persiste depuis plusieurs années. Il faut noter que Miliana possède des sites historiques d'une grande valeur : la grande mosquée de Sidi Ahmed Benyoucef, la manufacture d'armes de l'Emir Abdelkader, les carrières romaines où se trouvent des tombes datant du 5e siècle de l'ère chrétienne, le site de la mosquée El Batha détruit par les forces d'occupation en 1844 et dont il ne reste que l'horloge, l'aqueduc situé dans le quartier de Zougala. Il y a aussi le célèbre café où se rencontraient des figures illustres, dont Messali Hadj, Ferhat Abbas, Mohamed Bouras, Cheikh Brahmi, maître de la zorna, Hadj M'hamed El Anka ainsi que la «chambre noire» de sinistre réputation où durant toute la révolution des centaines de militants ont été torturés et exécutés. C'est dans cette chambre que l'héroïque Oum Cheikh Zitouni, grande figure de la Révolution, a été décapitée. Ecoutons le maire qui nous renseigne sur les projets retenus : « «Les travaux ont commencé pour les opérations d'assainissement et d'alimentation en eau potable à travers six grands quartiers : Aïn Karma, Bab Gharbi, Oued Rehane, Ras El Akba, Tala Ouchiba et Hai El Louz. Il y a aussi l'alimentation en eau potable pour 500 familles à Aïn Karma. De nombreux établissements scolaires en particulier les écoles Bouali et Youcef-Damardji seront dotés de chauffage central. Pour le problème du logement, nous avons effectué une opération de recasement de 14 familles à la cité Fonal. Justement, à propos du logement, la ville souffre du manque de foncier. Aujourd'hui, nous avons récupéré plusieurs lots à Sidi Ghoul pour la construction d'habitations et nous espérons satisfaire les nombreuses demandes des citoyens. Pour l'emploi, c'est un problème qui persiste. Sur plus de 600 demandes, nous avons reçu de la tutelle que 60 postes. Depuis la fermeture des mines qui employaient 4 000 personnes, ainsi que les petites unités comme l'ENA Marbre et Batimetal, les postes de travail ont disparu. Pour le secteur du tourisme, nous avons retenu plusieurs projets : réhabilitation du grand hôtel et la construction d'un autre sur le site de l'ancienne clinique actuellement en ruine, la rénovation du cinéma Le Splendid pour les troupes théâtrales et les associations musicales. Nous pourrons citer la troupe Mahfoud Touahri qui a obtenu un prix en Tunisie et au Venezuela, la troupe Praxis, l'association Essoufia pour la musique andalouse, etc. Nous avons aussi inscrit dans notre programme la réhabilitation des fêtes qui ont fait la célébrité de la ville comme la fête des cerises, le pèlerinage des Bani Farh qui regroupe un grand nombre de tribus venues des douars d'El Aneb, Bani Ghomeriane, Bou Halal. Selon une vieille tradition, on prétend que le wali Sidi Ahmed Benyoucef avait un serviteur toujours joyeux qui ayant rejoint sa famille à El Aneb, se plaignait de l'infertilité de la terre. Après un vœu formulé par le cheikh, la montagne se montra remarquablement généreuse et les six enfants du serviteur devenus frères de mille six cents âmes. Qui les rejoint est dans la joie, qui les quitte est dans tristesse, dit-on. Ce qui explique que les Bani Farh ont un nom qui signifie joie.»