Le vote de confiance au nouveau gouvernement de l'islamiste Ali Larayedh était attendu, hier, mercredi alors que le pays doit sortir d'une profonde crise politique et sociale dont la dernière illustration a été l'immolation d'un jeune miséreux à Tunis mardi. A la suite de dizaines d'interventions, mardi, de députés à l'Assemblée nationale constituante, la séance a été ajournée, hier, 08h00 Gmt après cinq heures de débats. M. Larayedh, du parti islamiste Ennahda, principale force politique du pays, a assuré à la tribune que son gouvernement comptait achever sa mission avant la fin de l'année en mettant un terme à l'impasse politique. «Ce gouvernement est pour une période courte, de neuf mois environ, car nous sommes déterminés à ce que le gouvernement achève sa mission à la fin 2013 au maximum», a déclaré M. Larayedh. Il s'est fixé comme priorités de «réussir l'organisation des élections dans les plus brefs délais», d' «instaurer la sécurité», le pays étant déstabilisé par l'essor d'un islamisme armé et la multiplication des conflits sociaux, et de «continuer de relever l'économie, l'emploi et de lutter contre la hausse des prix». Après de longues négociations et faute d'avoir trouvé un consensus plus large, M. Larayedh a reconduit la coalition entre les islamistes et deux partis laïques tout en l'élargissant à des indépendants qui dirigeront notamment les ministères régaliens. Cette équipe devrait obtenir sans mal la confiance des députés. Le précédent Premier ministre Hamadi Jebali a démissionné après l'assassinat le 6 février de l'opposant Chokri Belaïd, tué par des islamistes radicaux selon la police. La vie politique tunisienne est paralysée par l'absence de compromis sur le futur régime qui bloque la rédaction de la Constitution, la tenue d'élections et la mise en place d'institutions stables deux ans après la révolution de janvier 2011. Un calendrier a été soumis aux députés lundi, prévoyant l'adoption de la loi fondamentale début juillet et des élections en octobre. Les élus ne se sont pas encore prononcés sur le sujet, mais selon des observateurs cet échéancier est peu réaliste, d'autant que les dates-limite fixées par le passé n'ont pas été respectées. Cette paralysie politique mine aussi la reprise de l'économie, alors que le chômage et la misère étaient déjà des facteurs clés de la révolution de 2011.