La musique targuie a été honorée jeudi à Alger par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, à travers l'hommage rendu à ses plus illustres doyens, issus des régions de l'Ahaggar et du Tassili N'Ajjer. Des trophées ont été remis à onze artistes targuis en reconnaissance à leur parcours et leur apport à la culture locale et algérienne, la plus âgée d'entre eux ayant plus de 90 ans. C'est le cas de Biyat Edaber, 92 ans, joueuse d'Imzad (instrument monocorde traditionnel targui) à Tamanrasset, enseignante de l'art de la maîtrise de cet instrument à l'école de l'Imzad située dans la capitale de l'Ahaggar et créée par l'association «Sauvons l'Imzad». Autre joueuse d'Imzad à avoir été distinguée : Alamine Khawlen âgée de 82 ans, enseigne à la même école que son aînée. Elle fait partie du groupe des Ineden (artisans) et a pris part à plusieurs manifestations nationales et internationales. C'est également le cas de Badi Lalla, 72 ans qui s'imposa en tant que «voix» du Tindi une fois dans l'Ahaggar. En 1977, elle introduit la guitare électrique dans sa musique sans que cela n'altère l'authenticité des textes qu'elle chante d'une voix singulière. En 1990, elle crée l'association «Issakta» (le souvenir) et devient, au fil de ses voyages en Europe, en Asie, etc, l'un des ambassadeurs du patrimoine musical targui à l'étranger. Agée de 74 ans, Shtima Bouzad figure parmi les dernières joueuses d'Imzad et a entrepris de transmettre cet héritage culturel à ses filles afin qu'il soit préservé. Née à Abalessa (Tamanrasset) il y a 70 ans, Afarouag Takamant maîtrise l'art de la danse de «Tazanghareht», par ailleurs appelé «Jakmi», auquel elle a par la suite ajouté celui du chant. Les artistes femmes ayant été distinguées en premier, s'en est suivi la série d'hommages à la gent masculine entamée avec Mindaoui Barka Ben Minda, né en 1937 à Tamanrasset. Sa distinction tient du talent qu'il a fait valoir durant toute sa carrière en tant que joueur de «Tazmarth» (flûte), un instrument qu'il dompta en autodidacte. A 80 ans, Ahmed Abad originaire de Djanet, s'est également distingué dans l'art de la flûte alors que Adjla Mohammed est, à 75 ans, l'une des figures de la poésie targuie de l'Ahaggar et la mémoire du répertoire oral de cet ancien héritage. Sony N'Kedda a été, quant à lui, honoré à 74 ans pour son apport à la poétiques (180) alors que Brahim Belkhir l'a été pour son double talent de compositeur et de chanteur et l'un des représentants incontournables de sa région, le Tassili N'Ajjer. Le plus jeune des artistes honorés, Zoukani Abderrahmane né en 1955, a commencé à jouer le banjo avant de se tourner vers le luth et le chant amazigh. Il a évolué au sien de son groupe «Takouba-Aghar» (voix de l'Ahaggar). La cérémonie d'hommages a été prolongée par une soirée artistique animée par des groupes et artistes locaux, notamment la troupe «Imzad», Aghrib Ahmed (flûte) et la troupe de danse «Takoubaouine» de Tamanrasset.