Comme il y a 68 ans, des milliers d'Algériens ont marché pour la mémoire et par fidélité aux dizaines de milliers de leurs compatriotes, tombés le 8 mai 1945 sous les balles de l'armée coloniale française. Comme il y a 68 ans, la foule s'est rassemblée aux premières heures de la matinée devant la mosquée Abou Dher El-Ghiffari (ex-mosquée de la Gare) avant de s'organiser, scouts musulmans algériens (SMA) en tête, et de marcher, dans le recueillement, jusqu'à la stèle érigée à la mémoire de Saâl Bouzid, jeune scout froidement abattu par le commissaire Lucien Olivieri parce qu'il refusait de baisser le drapeau algérien. Devant cette stèle, où un buste à l'effigie de ce scout de 22 ans a été inauguré, une gerbe de fleurs a été déposée avant un long recueillement à la mémoire des 45 000 victimes des massacres qui s'étaient étendus, ce jour-là et les semaines qui suivirent, à El-Eulma, El-Ouricia, Aïn El-Kebira, Amoucha, puis à Kherrata, Guelma et dans plusieurs autres régions du pays dont Saïda, dans l'ouest du pays. Aussitôt après la cérémonie de recueillement devant la stèle dédiée à Saâl Bouzid, les marcheurs avec, à leur tête, les scouts, les autorités locales, des élus et de nombreux moudjahidine et enfants de chouhada, se sont rassemblés place de l'Indépendance, au centre de laquelle trône la célèbre statue d'Aïn Fouara, où des chants patriotiques ont été entonnés par une chorale d'écoliers. «Aoufia» (Fidèles), «Ettayara essafra» (L'avion jaune), «Hayou chamal Ifriqia» (Saluez l'Afrique du Nord) et, bien-sûr, «Min djibalina» (De nos montagnes) emplirent toute la place, suscitant des moments de grande émotion. Les participants au colloque national organisé mardi à Mostaganem autour du thème «la guerre psychologique pendant la révolution du 1er Novembre» ont mis en exergue les différentes méthodes psychologiques pratiquées par le colonialisme français à l'encontre du peuple algérien tout en soulignant que la guerre psychologique menée par la France coloniale en Algérie est unique en son genre à travers le monde. Lors de cette rencontre à laquelle a assisté le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbès, à la veille de la commémoration du 68e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, l'accent a été mis sur les différentes formes de guerre psychologique que le colonisateur français a mises en œuvre pour mener sa guerre militaire contre la révolution algérienne. Dans cette optique, le Dr Abdelmadjid Boudjella, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Tlemcen, a indiqué que la guerre psychologique menée par la France coloniale en Algérie «est unique en son genre dans le monde», en rappelant le rôle des Services administratives spécialisés (SAS) et le 5e bureau pour semer l'intox et la rumeur au sein du peuple algérien. «Parmi les styles les plus sauvages utilisés par le colonisateur français à l'encontre des algériens durant la guerre de libération nationale, figurent les tortures physiques et morales, les viols et les profanations des dépouilles mortelles des moudjahidine», dira-t-il. Pour sa part, le Dr Lazaar Mokhtar, de l'université de Mostaganem, a mis en exergue «les atteintes aux dimensions religieuses et culturelles de la personnalité algérienne» qu'a pratiquées constamment la France coloniale en Algérie. Les travaux de ce colloque initié par le Centre national des études et de recherche sur le mouvement national et la révolution de novembre, en collaboration avec l'université Abdelhamid-Benbadis de Mostaganem, ont été marqués par la présentation de plusieurs communications qui ont abordé différents thèmes tels «la guerre psychologique coloniale lors de la guerre de libération à travers des discours de Charles de Gaulle», «la guerre psychologique au sein des camps de torture durant la guerre de Libération» et «le boycott économique comme moyen de la guerre psychologique «.