Vu que la tension sur le carburant persiste depuis des années dans la wilaya de Tlemcen et devant l'impuissance des pouvoirs publics à endiguer le phénomène du trafic de carburant vers le Maroc auquel s'adonnent des centaines voire des milliers de hallabas qui utilisent tous les moyens pour le transport illicite d'essence et gasoil vers le voisin chérifien (camions de gros tonnage, véhicules légers, tracteurs, baudets), un appel diffusé sur le réseau social Facebook invite la société civile à la mobilisation générale, en vue d'une marche qui sera organisée le 23 juin prochain en direction du siège de la wilaya, pour observer un sit-in. A noter que la tension sur le carburant (essence et gasoil) n'a pas baissé d'un cran et tend à s'amplifier à la faveur de la saison estivale. Toutes les stations d'essence de la wilaya de Tlemcen offrent un spectacle désolant à longueur de journée où des filles d'attente interminables de voitures sont formées dès l'aube, dans l'attente de l'arrivée du camion- citerne de Naftal pour être servis. Des milliers de litres d'essence et gasoil livrés quotidiennement par Naftal aux stations-services s'évaporent en moins d'une heure vu le flux important de hallabas. En dépit de toutes les mesures prises par les autorités du pays, le phénomène de la contrebande du carburant ne cesse de prendre de l'ampleur au quotidien. Des milliers pour ne pas dire des millions de litres de carburant traversent chaque jour les frontières-algéro- marocaines pour être échangés contre de la drogue dont les saisies quotidiennes opérées par les divers corps de sécurité donnent le tournis. L'heure est grave et nous ne savons pas pourquoi ce mutisme des pouvoirs publics devant ce phénomène qui ruine l'économie du pays et crée une tension persistante chez les honnêtes automobilistes qui font des sacrifices énormes à chaque fois que le besoin de s'approvisionner au niveau des stations-services se fait sentir. C'est le parcours du combattant pour faire le plein pour les plus téméraires. Quant aux autres, ils se rabattent sur les revendeurs de carburant. C'est un commerce parallèle qui s'est installé au sein même des quartiers, ce qui n'est pas sans présenter un danger permanent pour les riverains. Les hallabas stockent d'importantes quantités de carburant chez eux pour les revendre à des prix très avantageux. Ainsi, le litre d'essence tarifié à 20 DA à la station service est revendu à 40 DA pour le normal et 50 DA pour le super, soit un bénéfice substantiel que l'automobiliste débourse sans rechigner. Cet état de fait encourage la multiplication de ce genre de commerce illicite qui fait des émules. C'est un phénomène progressif délétère, puisqu'il a été comptabilisé sur les 10 dernières années 14 morts à cause d'incendies provoquées chez les revendeurs informels. Des milliers de jeunes et de moins jeunes, tels les retraités, et même une certaine frange active, à l'exemple des enseignants, s'adonnent à cette activité illégale florissante. Ainsi, le jerrican de 30 litres qui est payé à environ 700 DA en Algérie est revendu à la frontière à 1 500 DA, sinon plus, selon la période et la demande. Ce phénomène engendre dans son sillage, en plus des saignées économiques, des comportements négatifs pour la société. Parmi les plus alarmants, figure la multiplication des accidents de la circulation que les hallabas provoquent. En effet, le principal objectif de ces hallabas étant de faire le plus de pleins possibles en aller et retour. Cette situation les pousse à transgresser le code de la route. C'est ainsi que la RN 35 reliant Maghnia à Tlemcen est devenue la plus meurtrière au niveau national. Les baudets qui sont utilisés pour le transport du carburant vers le Maroc représentent également un danger permanent sur les axes routiers frontaliers, notamment l'axe Maghnia-Marsat Ben M'Hidi en période estivale quand ils traversent la route par dizaines une fois la nuit tombée pour acheminer les jerricans pleins de carburant de l'autre côté de la frontière. Les éléments du groupement des gardes-frontières multiplient les actions contre les trafiquants qui bénéficient de largesses et activent au vu et au su de tout le monde dans l'impunité totale. A quand l'éradication de ce phénomène ? «Pour mettre fin à ce trafic de carburant, il faut s'attaquer aux dépôts de stockage qui existent dans les quartiers de la ville de Maghnia et qui sont connus par les services de police, ainsi que les dépôts existants sur la bande frontalière. Sinon ce phénomène persistera toujours et prendra encore plus de proportions alarmantes, espérant que cette marche qui aura lieu le 23 juin fera bouger les pouvoirs publics pour enfin prendre en main la situation», dira un citoyen fonctionnaire de son état.