Les réunions de travail et mesures prises par les autorités locales en vue d'enrayer le phénomène des «hallabas» et la montée très inquiétante du trafic de carburant (essence et gasoil) en direction du Maroc, semblent être d'aucun effet. Rappelons dans ce cadre, l'instruction de rationnement des quantités de carburant en vente que le wali de Tlemcen avait transmis aux propriétaires des stations-service pour limiter le volume servi afin de satisfaire un maximum de clients : les conducteurs de véhicules légers n'ont droit qu'à 40 litres alors que ceux des poids lourds ne peuvent dépasser les 180 litres. Ce durcissement, décidé pour mettre un frein à ce phénomène n'a pas eu d'incidences favorables. Aujourd'hui, il n'y a qu'à regarder du côté des stations d'essence, pour constater que la pénurie est là. La tension sur le carburant qui s'est encore subitement manifestée dans toute la wilaya, constitue un problème récurrent dont la solution reste à trouver. Selon des chiffres officiels, Naftal approvisionne mensuellement cette wilaya d'environ 55 millions de litres entre mazout et essence. Chaque année, la wilaya de Tlemcen enregistre la saisie de plus d'un million et demi de litres de carburant, même si l'on ne connait pas, en revanche, la quantité de carburant que les « Hallabas» auront réussi à acheminer de l'autre coté des frontières. Selon des spécialistes, ce qui transite comme volume carburant reste inestimable. Il faut dire que la bande frontalière, qui s'étend sur les territoires des localités de Marsat Ben M'hidi, Bab El-Assa, Maghnia, Béni-Boussaid et Sidi-Djilali, sur plus de 173 kilomètres, reste très difficile à surveiller. En effet, malgré les rondes patrouilles, postes d'observation (PO), postes avancés (PA), et le dispositif mis en place par les services de sécurité, la contrebande sévit toujours le long de la ceinture frontalière Ouest qui sépare l'Algérie du Maroc. Les trafiquants de carburant tentent chaque jour de faire passer des centaines, voire des milliers de litres d'essence, de mazout, vers le Maroc. A quelques jours de l'Aïd el-Adha, la situation s'est détériorée et ce phénomène commence à agacer sérieusement les chauffeurs de taxi et les transporteurs publics. Le spectacle des longues files d'attente est devenu un décor quotidien pour les riverains des stations d'essence dans les villes et les villages qui ont du mal à digérer ces difficultés d'approvisionnement en carburant, comme nous avons pu le constater. Les files d'attente sont telles, qu'elles posent problème en matière de fluidité de la circulation aux alentours des stations. Un spectacle inédit que celui d'automobilistes guettant, au loin, l'arrivée des camions-citernes de Naftal. Le réseau de transport urbain est touché par les difficultés d'approvisionnement en carburant et tous les chauffeurs de taxi, et les transporteurs de marchandises sont contraints de réduire leurs activités. Les conséquences de cette crise de carburant, sont négatives pour la vie quotidienne des citoyens. Avec une pointe de résignation dans la voix, Abdelghani, chauffeur de taxi de Koudia, au nord de Tlemcen, avoue sa lassitude. «On en a marre d'aller faire le plein dans les stations d'essence, mais que voulez-vous qu'on fasse ?», interroge-t-il, «car même si on perd beaucoup de temps pour se ravitailler en carburant, même si on dénonce tous les problèmes que nous causent ces files à répétition, on sait très bien que les «hallabas» séviront toujours». Alors, Abdelghani fait comme la plupart des chauffeurs de taxi de Tlemcen: il se lève avant le premier appel à la prière pour se ravitailler dans des stations, prises d'assaut très tôt le matin. «Je ne comprends pas pourquoi les autorités n'arrivent pas à enrayer ce phénomène», conclut-il. A Sidi Bel Abbès, alors que les symptômes de la pénurie de carburant vécue au début de l'été dernier commençaient à se dissiper et que les automobilistes reprenaient confiance, voilà que cela reprend et de plus belle. La crise de carburant commençait à se faire sentir dans l'après midi du mercredi dernier. L'information qui est passée de bouche à oreille se confirmait au niveau de quelques stations service qui ont relevé les tuyaux comme pour avertir de loin du tarissement des citernes notamment pour l'essence super et le sans plomb. Dans la journée du jeudi presque la quasi-totalité des stations service étaient à sec pour tous les carburants. Le vendredi beaucoup de stations notamment celles du secteur privé ont carrément fermé les accès et la tension chez les automobilistes est montée de plusieurs crans. Le vendredi étant jour de repos, le meilleur choix était de laisser la voiture au garage et économiser le peu de carburant qui restait dans le réservoir afin d'éviter la panne sèche. Juste après la prière du vendredi, seule la station du «lido» était approvisionnée par un petit camion citerne et une longue chaine s'était constituée en quelques minutes. Le samedi, dans la matinée, les stations de la rocade n'étaient pas encore approvisionnées et quelques gérants, joints par téléphone, affirmaient que les camions citernes étaient attendus. La station du «lido» ne servait que de l'essence normale qui est d'ailleurs déconseillée pour les véhicules neufs. L'essence super était attendue dans l'après midi au niveau de cette station, a rétorqué un pompiste, à l'intention des hésitants. La station de l'avenue Guermouche était déserte et les pompistes au repos forcé. Celle située en face de la salle des fêtes «C14» a servi les 3000 litres d'essence super livrés le matin vers 9 heures en mois de 2 heures, a-t-on appris .Des bouchons se sont constitués sur la routes d'Oran suite aux longues files d'attente devant les stations d'essence. Les jerricans ont refait leur apparition et les appréhensions d'un Aïd sans carburant animent les discussions. Tel est le paysage d'une ville qui passe un week-end sans carburant et le grincement de dents se fait sentir chez les chauffeurs de taxi qui misent sur cette période de fête pour booster leur chiffre d'affaires. Selon des indiscrétions, c'est un manque de programmation qui aurait provoqué une rupture du stock au niveau de l'unité Naftal. D'autres rumeurs font état de l'activité effrénée des «Hallabas» à la veille de l'Aïd.