Depuis quelques jours, il suffit d'interroger les membres de la sélection ghanéenne sur leurs sentiments pour les voir ouvrir de grands yeux et éclater de rire. Il faut dire que la Coupe du monde des U-20 de la Fifa 2013 ne les a pas ménagés. Auréolés de leur triomphe en finale de l'édition 2009, les Black Satellites sont arrivés en Turquie avec le statut officieux de prétendants possibles. Toutefois, les deux défaites concédées d'entrée ont failli mettre un terme prématuré à leurs ambitions. Après avoir opéré un redressement salutaire aux dépens des Etats-Unis, les Ghanéens ont dû patienter quelques jours avant d'apprendre qu'ils figuraient parmi les meilleurs troisièmes et disputeraient donc bien les huitièmes de finale. Le meilleur restait encore à venir : une victoire (3-2) sur un Portugal impressionnant tout au long de la phase de groupes. Kennedy Ashia incarne parfaitement le renouveau du Ghana. Remplaçant habituel, le milieu de terrain de Liberty Professionals a déjà marqué à deux reprises. Devenu titulaire, le joueur de 19 ans a le vent en poupe, ce dont il compte bien profiter pour emmener son équipe le plus loin possible. «Kennedy n'est pas du genre à se lancer dans d'interminables séries de dribbles. Ça ne l'empêche pas de se montrer terriblement efficace aux abords de la surface de réparation. Il a une volonté de fer et peut surprendre ses adversaires à tout moment. Il est tout à fait capable de faire basculer un match sur une action», explique le sélectionneur Sellas Tetteh. Ashia s'est chargé d'illustrer les propos de son entraîneur en signant l'ouverture du score contre le Portugal d'une somptueuse frappe en lucarne et espère récidiver à l'heure d'affronter le Chili en quart de finale. Pour l'heure, Ashia préfère garder les pieds sur terre et éviter de se projeter trop loin. «Evidemment, je suis heureux que tout se passe bien pour moi mais nous ne devons pas nous relâcher», prévient-il. «Il faut continuer à travailler. C'est d'autant plus important que nous sommes en pleine euphorie. Tout nous réussit en ce moment. Pourtant, je suis convaincu que nous pouvons faire encore mieux et moi le premier. Si nous y parvenons, nous pourrons offrir au Ghana son deuxième titre Mondial.» Savoir conserver le ballon Effectivement, les Black Satellites, sacrés en 2009 avec André Ayew comme capitaine, ne ménagent pas leurs efforts à l'entraînement. On sent nettement que le poids qui pesait sur leurs épaules a disparu. Après des débuts «bizarres», pour reprendre l'expression de Tetteh, dans la compétition, le Ghana s'est vu offrir une seconde chance. Les jeunes Ghanéens écoutent attentivement les consignes de leur entraîneur et répètent inlassablement leurs gammes. Après une ultime séance de tirs au but, ils échangent quelques plaisanteries et fêtent leurs gardiens en héros. Le groupe vit des heures heureuses en Turquie et paraît avoir définitivement oublié ses faux pas initiaux. «Nous devons encore progresser dans la possession de balle et dans l'utilisation du ballon», explique Ashia, qui avoue volontiers nourrir une grande admiration pour Xavi. «Nous y travaillons. Notre entraîneur nous rappelle tout le temps qu'il faut savoir conserver le ballon pour gagner dans le football moderne». Cette philosophie lui convient tout à fait : «Je suis plutôt adroit pour faire tourner le ballon et je n'hésite pas à tenter ma chance de loin.» Au Ghana, les jeunes prometteurs comme Ashia sont surnommés les Local Boys. Ils ont du talent mais ne sont pas encore célèbres. Ils espèrent profiter de grandes compétitions internationales comme la Coupe du Monde U-20 de la FIFA pour sortir de l'ombre et rejoindre en Europe Yiadom Boakye ou Frank Acheampong, qui portent respectivement les couleurs de la Juventus et d'Anderlecht. Sorti du banc pour faire briller les Black Satellites, Ashia semble bien parti pour réaliser ce rêve.