Pour la deuxième année consécutive, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj enregistre de mauvais résultats scolaires. De plus 62,36% en 2012, le taux de réussite au BEM est passé à 43,65% en 2013. Pour le bac, de 55,65% en 2012 à 42,73% en 2013, alors qu'en 2011, il était de 56,21% au bac et 65,57% au BEM. Ces résultats ont poussé le wali de Bordj Bou-Arréridj, Azzedine Mecheri, lors de la session extraordinaire de l'APW, lundi dernier, à annoncer la création d'une commission d'enquête et d'évaluation sur ce phénomène. «Je ne suis pas convaincu par les justifications du directeur de l'éducation», dira-t-il. «Je veux une enquête sur les causes et des propositions pour remédier à la situation», précise-t-il. En effet, selon des connaisseurs du secteur, ce ne sont pas les moyens qui manquent. La wilaya a mis tous les moyens humains et matériels à la disposition du secteur dès le début de l'année scolaire. Le wali en personne a veillé à ce que toutes les conditions soient réunies pour assurer le bon déroulement des examens. Des doigts accusateurs seront sans doute pointés vers les enseignants qui certes ont leur part de responsabilité, cependant, ils ne devraient en aucun moment être le dindon de la farce. Parmi les causes de cet échec, ils avancent la mauvaise gestion du secteur sur le plan pédagogique et la situation professionnelle du personnel de l'éducation. Les responsables du secteur, à leur tête le directeur de l'éducation, n'ont pas donné beaucoup d'importance à ces deux volets. Aux situations administratives et financières, à l'anarchie régnant dans plusieurs établissements, due au comportement zélé de certains responsables locaux et aux problèmes d'intégration engendrés par les erreurs dans l'application des dispositions du statut amendé, s'ajoute la gestion interne de la Direction de l'éducation qui vient compliquer davantage le marasme existant. Le retour aux pratiques clientélistes auxquelles ont recours certains services au sein de cette institution ont contribué à cet échec scolaire. La problématique épineuse des détachements du personnel éducatif expérimenté, leur remplacement par des jeunes du pré-emploi et le transfert de pas moins de 60 employés administratifs expérimentés pèsent sur le bon fonctionnement du secteur. «Comment expliquer que le chef de service du personnel au sein de la direction gère en même temps deux lycées ?», s'est demandé un élu qui ajoute que plusieurs établissements scolaires sont livrés à eux-mêmes. C'est la première fois qu'une commission paritaire est renouvelée pour la deuxième fois. Selon les textes, cette commission qui statue sur les nominations, les mouvements, l'inscription sur les listes de promotion, n'a rien encore fait. «Les enseignants sont partis en vacances pour ceux qui sont concernés par le mouvement ne savent même pas dans quel établissement ils sont affectés, alors que cette opération devrait être réalisée avant la fin du mois de juin. Les promotions dans les échelons de pas moins de 2 500 employés n'ont pas encore été faites. Cette opération se fait généralement en janvier de chaque année, mais à Bordj Bou- Arréridj, jusqu'au 10 juillet, rien n'a été fait. L'autre point noir est celui des salaires des enseignants suppléants (entre 700 et 800) qui ont occupé sur des postes vacants (non ceux de la directive n°09). L'autre problème de gestion qui a poussé à l'instabilité du personnel enseignant est celui des dossiers d'environ 500 employés qui étaient sur la liste supplémentaire des candidats admis en 2012. Leurs dossiers n'ont pas été avisés malgré la disponibilité des postes budgétaires. En raison de cette situation, les enseignants n'ont pas pu avoir leur statut de stagiaire et leur salaire depuis leur affectation. Autre problème, le rôle des parents. Dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, la culture du suivi scolaire par les parents s'est estampée depuis quelque temps. Le plus important étant que leur enfant passe d'une classe à une autre et qu'il ne soit pas exclu. Dans plusieurs établissements, l'association des parents d'élèves ne figure que sur le papier et certains présidents n'ont même pas d'enfants scolarisés ! «C'est juste pour avoir le titre de président !», dira un directeur d'établissement. Selon de nombreux parents, soucieux de l'intérêt général de l'école algérienne qui continue de s'investir corps et âme notamment matériellement et financièrement, il est temps de donner un coup dans la fourmilière. Les autorités de wilaya, dont le wali, et le ministre dotés de bonnes intentions de changement, seulement, il faut passer au plus vite au concret.