A l'approche de l'échéance des présidentielles de 2014, des voix s'élèvent un peu partout pour faire part des inquiétudes de membres de la classe politique et de la société civile algérienne, de plus en plus préoccupés des conjonctures dans lesquelles vont intervenir les prochaines élections à la magistrature suprême. D'ores et déjà des milieux politiques nationaux se prononcent pour des candidats au profil fort et convaincant, à même de pouvoir faire face aux nombreux défis et périls menaçant le pays. Et ces derniers n'étant pas des moindres, sont plus que jamais présents suspendus en véritable épée de Damoclès au-dessus des Algériens, citons entre autres : - La persistance, même si résiduelle, de l'extrémisme islamiste et son corollaire pendentif l'aveuglement terroriste - La pensée à sens unique héritée de la doxa stalinienne tendant à tout centraliser et embrigader : l'hyper contrôle administratif, la limitation de l'économie au profit du capitalisme d'Etat, le verrouillage des medias lourds, la surveillance des élites et aplatissement des ressources et potentialités humaines nationales. Avec notamment le favoritisme de la «médiocratie» imposant à divers niveaux des cercles d'incompétences faisant courir, en diverses circonstances décisives, de grands dangers au pays résultant, évidemment, des frasques des irresponsables entravant sournoisement le travail d'arrache-pied des honnêtes responsables et citoyennes- citoyens dévoués à leur patrie. - L'extension sauvage du tout commercial clandestin des marchés parallèles de l'informel des multitudes de barons parasites usant de passe-droits auprès de certains hauts placés faisant fi des lois institutionnelles en se rendant complices du court-circuitage systématique de l'économie du pays avec notamment ces incessants trafics aux frontières et à l'intérieur du pays . - La propagation du phénomène de la corruption, les éléments corrupteurs et corrompus grossissant les rangs des prédateurs gangrenant dangereusement l'économie du pays, notamment les auteurs de manigances illicites imposant leurs marges d'intérêts contractés avec des sociétés étrangères sur le dos des deniers de l'Etat, du contribuable et des ressources du patrimoine national. - Les effets néfastes de la mal-gouvernance, de l'incompétence managériale, des blocages et déperditions conséquentes causés par les clans des esprits prédateurs et saboteurs des efforts de nombre de responsables, de patriotes et bonnes volontés animés par le souci sincère d'œuvrer pour le développement du pays et de ses diverses potentialités énergétiques, matérielles et autres juvéniles souvent forcées à l'exil vers des milieux plus accueillants. -La situation très préoccupante aux frontières du pays et dans le Sahel et qui risque de connaître de violents rebondissements avec les risques sérieux des effets collatéraux dont on comprend pourquoi d'ores et déjà l'Algérie s'est enquise de dispositions de défense des zones frontalières et sensibles du pays. -Les agents des forces occultes extérieures opposées au développement de l'Algérie et guettant toutes opportunités propices pour favoriser des troubles dans le pays. - Les tendances idéologiques de type bellicistes encourageant l'embrasement général susceptible d'entraîner le pays dans un engrenage conflictuel fatal plutôt que d'appeler à une franche politique de dialogue national démocratique, sans hypocrisie aucune entre toutes les formations politiques et institutionnelles du pays en vue d'un changement pacifiste authentique qui ne soit pas biaisé par de machiavéliques calculs d'apparatchiks auxquels le peuple et l'Histoire leur feraient porter, la responsabilité de toutes graves dérives découlant de leurs manœuvres politiciennes anti-démocratiques. Et last but not least, une certaine subculture néo -féodale et du populisme ambiant parmi nos couches populaires et tendant à parasiter l'évolution du pays et l'émancipation des citoyennes et citoyens, en général, du fait de l'absence chez nous d'une authentique culture vivifiante et sensibilisatrice des masses. Ce qui nécessiterait, en plus de l'entreprise de la politique suivie d'animation culturelle et folklorique et autre de la valorisation des vestiges antiques du patrimoine national, une dynamique culturelle et éducative davantage plus conséquente et à laquelle pourraient prendre part les intellectuels, artistes, représentants des divers médias, femmes et hommes de divers secteurs de la vie nationale et du peuple, etc.. En les conviant, entre autres, à de larges débats démocratiques (à la faveur notamment de l'ouverture de l'audiovisuel...déjà très en retard), et ce, en vue de rapprocher davantage gouvernants et gouvernés, administrateurs et administrés, élus et électeurs, etc. C'est bien connu qu'en démocratie et que dans les pays civilisés qui se respectent, les grandes questions et préoccupations concernant l'avenir du pays et celui des jeunes générations montantes, s'envisagent sereinement dans le dialogue démocratique pacifiste et convivial et non dans le bâillonnement et verrouillage systématique des canaux d'expression de masse, notamment les médias lourds, et autres interdictions de réunions, de revendications syndicales des droits bafoués, des rencontres à dessein pourtant pacifiste ,etc.,etc., pratiques qui faut-il le souligner, sont en parfaite contradiction avec ce que prévoient les textes législatifs en vigueur si bien qu'au sein des couches populaires, juvéniles surtout, on évoque ce sempiternel syndrome du «zaimisme» obstruant la saine évolution vers la démocratie pluraliste et auto-programmant, par conséquent, l'échec répété de son système cloisonné et cloisonnant. Cela dit, et considérant ces paramètres négatifs ci-dessus énumérés et constituant des périls potentiellement objectifs menaçant l'avenir du pays, il y a lieu d'espérer de la part des hauts décideurs du pays, (cet espoir émanant d'un humble citoyen indépendant auquel se joignent, à n'en pas doute, les multitudes de voix algériennes éprises de paix, de liberté et du sens de la justice équitable), l'initiative dans un proche avenir d'une large concertation démocratique autour de l'avenir du pays : en envisageant, entre autres, des concertations conviant nécessairement la classe politique, les représentants du mouvement national citoyen , des intellectuels, universitaires, les représentants des divers médias, des travailleurs, des femmes, de la jeunesse et du peuple en général et ce, afin d'envisager sereinement le destin du pays qui, s'il venait à se décider en vase clos, sans concertation aucune avec qui de droit, risquerait d'engager le pays dans une voie tortueuse dont seuls assumeraient la responsabilité ceux qui l'auraient entreprise de façon unilatérale. Depuis un bon bout de temps, des rumeurs font état que l'actuel président de la République ne pourra pas se présenter aux prochaines élections de 2014, et que même s'il sera en état de le faire- on lui souhaite au passage un franc et prompt rétablissement- il aura assurément d'énormes difficultés d'assumer un quatrième mandat, même partiellement. La sagesse recommandant dès lors d'envisager, dans la concertation démocratique large, l'alternative de candidatures probantes au prochain scrutin de 2014 comme l'émet le vœu des échos publics, il n'y a qu'à prêter l'oreille à ces souhaits empreints de perplexité et ce, du fait, évidemment, que cette échéance va intervenir dans un contexte national et international particulièrement difficiles, d'où l'idée galvaudée d'il y a lieu de désigner un homme fort, comme se plaisent à le répéter certains hommes politiques et l'avancer certains observateurs - soucieux il est vrai du maintien de la stabilité et de la sérénité en Algérie, - mais il semble objectivement qu'il convient plutôt en ces circonstances qui rappellent ,à certains égards, les moments pénibles traversés par le pays, d'opter par exemple pour la désignation temporaire d'une direction collégiale. Soit un présidium comportant 5 membres représentatifs de différentes mouvances sociopolitiques et dont le chef suprême serait démocratiquement élu. D'autres suggestions de ce genre ou totalement divergentes pourraient être proposées dans un cadre démocratique adéquat, l'essentiel est que le pays puisse sortir bénéficiaire de telles alternatives entreprises dans la nécessité, le temps que le vaisseau Algérie atteigne des rivages sûrs, loin des climats envenimés des effets collatéraux des tentations incendiaires. A moins que ces dernières ne soient porteuses de l'espoir réel d'un renouveau, tel celui du «printemps arabe» si médiatisé par les sirènes d'un certain occident calculateur mais dont les parties honnêtes vous confesseront, - comme nous ont éclairés nombre d'analystes, - que cet idéal de changement, certes souhaité, a viré au cauchemar et instauré non pas la démocratie mais la «démoctature» ! Mohamed Ghriss (Auteur - journaliste indépendant)