Il y a exactement 25 ans, Alger et plusieurs autres villes du pays ont été le théâtre de pillage, violences et destructions des biens publics et privés. Une simple manifestation à caractère sociale, s'est vite transformée en trouble à l'ordre public, avant que des voix s'élèvent, appelant le peuple à la révolte. Il a fallu l'intervention des forces armées pour rétablir l'ordre public, évitant le pays de sombrer dans le «chaos». Tout a commencé le mercredi 5 octobre 1988, lorsque des jeunes manifestants la majorité des écoliers sont descendus dans la rue dans quelques quartiers de la capitale. Au début, des slogans purement sociaux ont accompagné les manifestations, les forces de police avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir. A cette période, le peuple a été soumis à une crise sociale sans précédent. Il était pratiquement impossible aux citoyens de trouver le moindre produit alimentaire dans les étagères. Cet état de fait a profité à ceux qui voulaient déstabiliser le pays pour allumer la mèche de la contestation à leurs fins. Gonflés à bloc par des meneurs qui dirigeaient la «révolte» à l'ombre, des jeunes manifestants se sont attaqués aux symboles de l'Etat, détruisant tout sur leur passage. Plusieurs édifices publics et des biens des citoyens ont été pillés, saccagés et détruits par les manifestants. Les troubles se sont poursuivis jusqu'au lendemain jeudi 6 octobre où en début d'après-midi, un communiqué de la Présidence a décrété l'état de siège en raison des développements graves enregistrés dans la capitale. En vertu des dispositions de l'article 119 de la Constitution, toutes les autorités civiles, administratives ont été placées sous commandement militaire». Cet état de fait a obligé les manifestants aux revendications sociaux de cesser leur mouvement. Dans la matinée du vendredi 7 octobre 1988, Alger a retrouvé son calme et la population a même prêté main forte aux agents de la commune pour nettoyer la ville. Subitement, après la prière du vendredi, une foule immense a organisé une manifestation à partir de la mosquée de Belcourt. A la tête de cette manifestation, le duo Abassi Madani et Ali Belhadj qui ne sont pas à présenter. Contrairement à la manifestation d'hier, celle du 6 octobre a été des plus violentes. La foule se dirige vers le siège de la direction générale de la Sûreté nationale. Des coups de feu ont été tirés en direction des forces de l'ordre qui répliquèrent à leur tour. Selon des témoins, au moins 40 personnes ont trouvé la mort. Des manifestants armés ont également ouvert le feu à Bab El Oued en direction des forces de l'ordre. Plusieurs victimes sont tombées ici et là où 169 personnes ont été tuées dans ces émeutes, selon un bilan officiel. Certaines sources indépendantes ont multiplié par deux le nombre des victimes. Une fois l'ordre rétabli, le président Chadli Bendjedid s'est adressé à la nation le 10 octobre 1988, indiquant qu'en sa qualité de chef suprême de l'armée, il était de son devoir d'assumer sa responsabilité pour assurer la sérénité et la sécurité du pays. «J'assume mes responsabilité, c'est moi qui ai donné l'ordre aux forces armées de rétablir l'ordre», a-t-il indiqué. Dans la même allocution, Chadli Bendjedid a promis des réformes politiques. Plusieurs autres mesures politiques ont été prises au mois d'octobre entre autres le limogeage du secrétaire général du FLN, Mohamed-Chérif Messaâdia, le chef de la police politique, Lakehal Ayat et le ministre de l'Intérieur, El-Hadi Khediri. Dans le même mois, un communiqué de la Présidence annonce une révision constitutionnelle par voie référendaire. Désigné par le 6e congrès du parti unique Front de libération nationale (FLN), comme candidat unique à un troisième mandat présidentiel, Chadli Bendjedid est réélu, le 22 décembre 1988. L'Algérie rentre de plain pied dans le pluralisme politique ou plus de 60 partis et mouvements ont été créés. Nul ne s'attendait à ce que ces réformes politiques prises dans la précipitation allaient se transformer dans le futur en un cauchemar pour le peuple et pour le pays. En réalité, les événements du 5 octobre étaient en quelque sorte «l'antichambre» de la décennie noire. A suivre