Le groupe de réflexion, notre «Algérie bâtie sur de nouvelles idées» (Nabni), invité pour la première fois à la tripartite de jeudi, propose une révolution dans la gouvernance publique. Il s'agira pour l'Etat, d'assumer ses échecs, d'instaurer la transparence dans la gestion des dépenses publiques et oser des mesures audacieuses pour couper les cordons de la rente pétrolière. «Cette rencontre avec la tripartite a lieu à un moment crucial pour notre pays, et nous espérons qu'elle sera le catalyseur d'un débat à la hauteur des enjeux qui nous attendent. Nous devons entamer le long virage de la diversification économique en urgence», a indiqué Najy Benhassine, un des membres actifs du collectif Nabni. Un nouveau modèle croissance Pour ce groupe de reflexion, l'extrême dépendance de notre économie aux hydrocarbures témoigne de notre échec, collectif, à diversifier notre économie. Nos exportations hors-hydrocarbures sont marginales. Notre production industrielle, à environ 5% du PIB, est presque insignifiante au regard de ce que nous importons. Nos besoins alimentaires sont couverts à moins de 30% par la production locale. Le budget de l'Etat n'a jamais été aussi dépendant de la fiscalité pétrolière. «Pourquoi espérer qu'une nouvelle batterie de mesures auraient plus d'impact que tout ce qui a été tenté au cours de la dernière décennie ?», s'interroge Nabni. Adopter une nouvelle approche de la gouvernance économique Dans sa série de recommandations, Nabni propose de s'attaquer rapidement à l'origine de l'échec. D'abord, engager l'Etat et, à travers lui, l'ensemble de la société, notamment les acteurs économiques et sociaux ici représentés, à se défaire de la dépendance à la rente est fondamental, Le collectif Nabni propose ainsi aux partenaires sociaux et à l'Etat de s'engager dans : un pacte national devant aboutir à des mesures contraignantes sur les dépenses publiques et l'utilisation de la rente, à intégrer dans la Constitution. C'est pour nous une condition nécessaire afin de s'astreindre collectivement à une discipline et un engagement durables à maintenir le cap en termes de diversification. Instaurer la transparence dans la gestion des dépenses Pour Nabni, l'instauration d'une transparence totale dans l'affectation des aides et subventions publiques aux institutions et aux entreprises publiques et privées est susceptible de mettre un terme aux dépassements dans la gestion des dépenses publiques. La transparence devrait accroître le sentiment de redevabilité des responsables devant la société, pour leur gestion des deniers publics. La transparence doit également être appliquée aux appels d'offres et aux décisions d'attribution des contrats publics. A noter que les représentants de Nabni considèrent qu'il est urgent d'engager l'Algérie dans la voie du sevrage aux hydrocarbures. Car Nabni estime, sur la base d'hypothèses optimistes, que d'ici 2020, les finances publiques pourraient ne plus soutenir le rythme des investissements publics et celui des transferts sociaux, face à une demande de plus en plus pressante de la société.