Un attentat à la voiture piégée a fait au moins 20 morts lundi dans un fief rebelle de la province syrienne d'Idleb, une région du nord-ouest du pays en guerre où sept humanitaires viennent d'être enlevés. L'attentat s'est produit dans la ville de Darkouche, près de la frontière turque, dans un marché. Une vidéo diffusée par des rebelles syriens juste après l'attaque montre un secteur dévasté avec des bâtiments détruits et des voitures en feu. Le bilan risque de s'alourdir parce qu'il y a de nombreux blessés graves. Cette explosion meurtrière est survenue après que deux kamikazes ont fait exploser leurs voitures piégées dimanche soir près du siège de la chaîne de télévision d'Etat dans la capitale Damas. Aucune victime n'a été signalée dans le double attentat de dimanche soir, qui a endommagé des bâtiments voisins sans faire d'autres dégâts. Ces attentats étaient également accompagnés d'attaques au mortier intensifiées lancées par des rebelles dans plusieurs quartiers de Damas avant l'Aïd-el-kebir, la grande fête musulmane qui tombe cette année le 15 octobre. Par ailleurs, la Croix rouge a fait part de sa détermination à poursuivre son travail en Syrie malgré ce rapt mais aussi de son inquiétude. «On n'a pas la moindre intention d'arrêter nos activités en Syrie mais, bien sûr, une telle situation nous fait réfléchir (...). On ne va pas pouvoir travailler et aider la population syrienne sans avoir la sécurité pour notre personnel», a déclaré le CICR à Genève. Le CICR, qui compte une trentaine d'expatriés et environ 120 employés syriens en Syrie, est l'une des rares organisations à travailler aussi bien dans les zones tenues par les rebelles que dans celles tenues par le régime. La Croix rouge avait jusqu'à présent réussi à accomplir sa tâche humanitaire en Syrie sans connaître d'enlèvement, mais 22 de ses collaborateurs du Croissant rouge syrien ont été tués depuis le début en mars 2011 du conflit, déclenché par une contestation pacifique qui s'est militarisée face à la répression. L'équipe du CICR enlevée s'était rendue dans la province d'Idleb le 10 octobre pour faire le point sur la situation des installations médicales et apporter de l'aide. Elle a été arrêtée par des hommes armés sur le chemin du retour. Les enlèvements sont de plus en plus fréquents en Syrie, où journalistes et travailleurs humanitaires sont des cibles privilégiées. Selon Reporters sans frontières (RSF), au moins 32 journalistes étrangers ou syriens y sont portés disparus ou ont été enlevés.