L'un a, depuis longtemps, mis le sifflet au placard. Il a raccroché les crampons comme tout arbitre atteint par la limite d'âge. L'autre arbitre de la même génération que le premier s'est, grâce à un concours de circonstance, retrouvé à la tête des hommes en noir avec des idées aussi noires que celles de l'arbitre zambien, Sikazwe, qui était le seul à voir Belkalem toucher le ballon de la main lors du match Burkina-Faso – Algérie. L'un et l'autre croisent le fer dans une guéguerre où les cartons rouges sont brandis par l'un comme par l'autre se croyant encore en activité. Bergui et Lacarne lavent le linge sale en public contrairement à ce que fait tout le monde pour étouffer les scandales. Par presse interposée, ils ont sorti l'artillerie lourde pour se tirer dessus à balles réelles. Une manière de régler des comptes vieux de plusieurs décennies. Qui a tort et qui a raison ? Exit les intérêts de l'un et de l'autre, il est tout de même rare, voire très rare, de voir un ancien arbitre briser l'omerta, celle loi de silence que tout le monde s'est imposé. Bergui a franchi le pas pour dénoncer la corruption qui gangrène le corps arbitral. A-t-il tort de le crier sur tous les toits ? Lacarne a mal digéré la chose et sa réaction ne s'est pas faite attendre en remontant à la surface des souvenirs vieux de trois décennies pour tirer à boulets rouges sur Bergui. Une guéguerre qui ne fait pas les affaires ni de l'un ni de l'autre, encore moins de Houasni, le pauvre arbitre, envoyé en pâture pour quelques erreurs d'arbitrage que n'importe quel arbitre aurait commises. Loin de prendre cause pour l'un ou pour l'autre, mais Bergui a frappé là où il fallait sinon Lacarne n'aurait jamais réagi de la sorte ni pris la peine de réveiller les vieux démons. Les deux anciens arbitres ont au moins le mérite d'avoir soulevé le plus grand problème qui empêche notre arbitrage de progresser. De telles guéguerres sont parfois nécessaires pour notre football. Qui sait, peut-être qu'elles lui rendront service.