Le numéro 1 du FLN, Amar Saâdani, est, semble-t-il, décidé à occuper le devant de l'actualité politique nationale par son activisme et surtout ses déclarations qui sortent des normes habituelles. Il n'est pas donné à n'importe qui de formuler publiquement un avis sur le DRS (Département renseignement et sécurité) et encore moins en allant, sur ce sujet, à contre sens de ce qui est établi. Lui, l'a fait. Dans un entretien accordé à l'agence Reuters, il a tenu des propos plutôt critiques à l'égard de cette institution à laquelle il ne reconnaît d'ailleurs pas la dimension institutionnelle. Ce n'est pas une institution, c'est un département du ministère de la Défense nationale, a-t-il confirmé dans l'entretien qu'il a ensuite donné à un site d'information, en insistant sur le démenti qu'il apporte...aux démentis qui auraient été hâtivement faits de l'intérieur et de l'extérieur du FLN, concernant ce qu'il a dit sur le DRS. En résumé, il persiste et signe : le DRS ne doit pas s'occuper de presse, de politique et de justice. Il trouve qu'il n'y a rien d'extravagant à cela et qu'il faut sortir de ce qu'il appelle le «pouvoir parallèle». Qui l'a rendu si hardi, pourrait-on se demander, au point de remettre en cause le «système» auquel il appartient ? Cette interrogation est tout à fait légitime quand on lit ce qu'il dit sur le Premier ministre, Abdelmalek Sellal - «un mauvais joueur sur le terrain politique, qui doit se contenter de son rôle dans l'Exécutif» - et sur le président du Sénat, Abdelkader Bensalah qui «ignore l'histoire et fait semblant d'ignorer l'histoire de Si Abdelkader». Au sein du FLN, des voix éparses tentent de se faire entendre pour se démarquer des déclarations de Saâdani, jugées pour le moins «intempestives». «Nous dégageons toute responsabilité, en même temps que nous dénonçons les dernières positions ou déclarations faites au nom du parti, et qui osent, de façon éhontée, émettre des jugements sur des phases cruciales dans la vie de la nation ou sur des institutions nationales sensibles», ont écrit les contestataires dans un communiqué rendu public. Mais Saâdani soutient le contraire : «Dans ce cadre, mes positions en ma qualité du chef du FLN, je les exprime en toute liberté et sans hésitation. À ceux qui pensent que le ton a changé, je leur dirais que le FLN se renouvelle et sera désormais présent pour commenter l'actualité». Pour le moment, rien n'indique dans quel sens va le vent et, dans le FLN, les opportunistes auront beaucoup de difficultés à se positionner. Une précieuse indication sera donnée par la réunion du comité central prévue pour le 15 et 16 novembre mais contestée par Abderrahmane Belayat, qui se considère toujours comme coordinateur du bureau politique mais qui ne l'est plus dans la réalité depuis le 29 août dernier. Comme lorsqu'il s'agissait de démettre Abdelaziz Belkhadem, les comptes sont tenus à propos du nombre d'anti et de pro-Saâdani qui s'opposeraient à la tenue de cette réunion ou au contraire y participeraient. Quelles chances ont les opposants de réussir à éjecter de son poste le nouveau secrétaire général du FLN ? Nul n'est en mesure de le savoir. L'échec de la tentative d'empêcher la réunion du comité central du 29 août qui a intronisé à une très large majorité et sans concurrent, Amar Saâdani, prouve que le clan Belayat n'est pas suffisamment fort pour arriver à ces fins. Le nouveau secrétaire général n'est pas resté les bras croisés depuis le 29 août, il a multiplié les sorties vers les structures de base et consolidé sa légitimité auprès des autres partis, n'hésitant pas à jeter les bases d'une alliance présidentielle qui ne montrera à quoi elle est destinée que lorsque la bataille de l'élection présidentielle sera vraiment lancée. Le nouveau feuilleton du FLN, commencé en été, n'est pas fini.