La fronde reprend au Front de libération nationale (FLN). Plusieurs dizaines de membres du comité central (CC) – jusqu'à avant-hier 120 ont confirmé leur participation – se réuniront aujourd'hui à Alger. Objectif : débattre de la situation du parti et mobiliser le CC contre le secrétaire général, Amar Saadani. Cette rencontre — à laquelle prennent part Abderrahmane Belayat, Abdelkrim Abada, Mohamed Boukhalfa, Mustapha Cherchali, Abdelkader Bounekraf et les ministres qui ont quitté le gouvernement Sellal pour avoir boycotté la réunion de l'hôtel El Aurassi, le 29 août dernier, qui avait servi à placer à la tête du FLN Amar Saadani — fera le point sur le recours déposé par 15 membres du CC (dont des moudjahidine) auprès du Conseil d'Etat pour contester la désignation du secrétaire général du parti.Le Conseil d'Etat n'a pas encore statué sur l'appel des membres du CC mais, selon une source du FLN, «les contestataires ont confiance en la justice d'autant plus que le Conseil d'Etat s'est bel et bien prononcé sur le caractère illégal de la réunion d'El Aurassi». A l'ordre du jour de la rencontre d'aujourd'hui figurent aussi les déclarations de Amar Saadani visant l'institution militaire que les membres du comité central dénoncent et trouvent «incongrues», affirme notre source, qui soutient, par ailleurs, que c'est une première dans les annales du FLN de s'attaquer ainsi à l'institution militaire. Un membre du comité central, ayant requis pour le moment l'anonymat, souligne que tout ce qu'a fait, jusque-là, le secrétaire général du FLN – qu'il ne reconnaît pas d'ailleurs – est en totale contradiction avec les statuts du parti. A commencer par son élection qui s'est faite sans la présence d'un huissier de justice pour contrôler l'identité et le nombre des membres du comité central présents à la session, comme l'exige la loi. Pas seulement : «Les statuts du parti font obligation, lorsqu'il s'agit de la convocation d'une réunion du CC, de le faire 15 jours avant la tenue de la réunion, ce qui n'a pas été le cas concernant l'élection de Amar Saadani.» Pis encore, ce dernier, qui n'a pas encore proposé les membres du bureau politique, a engagé le FLN dans des alliances dont la décision revient au CC. Même le soutien, indique notre source, à un quatrième mandat du président Bouteflika ne relève pas de ses prérogatives mais bien de celles du comité central. Selon une source du FLN, M. Saadani – qui doit son poste aux interférences de l'administration et de personnes influentes au sommet de l'Etat dans le travail de la justice, et un groupe d'affairistes recrutés par l'ancien secrétaire général du parti – a multiplié les bourdes en faisant cavalier seul et surtout en engageant le FLN dans des alliances qui lui sont étrangères et contre nature. La réunion aujourd'hui des membres du comité central aura à son menu toutes ces questions. Et la contestation pourrait bien, cette fois, gagner l'adhésion d'autres membres du CC dont la réunion est prévue pour le 16 novembre prochain.