Valeurs sûres distinguées à l'étranger, jeunes écrivains audacieux sous les projecteurs et hommages à de grands disparus : ni pauvre ni foisonnant, le paysage littéraire algérien aura été, en 2013, équilibré entre trois générations d'auteurs diversement inspirés mais pareillement créatifs.. Les romanciers Wassiny Laâredj et Boualem Sansal ont confirmé, en 2013, leur statut de piliers de la littérature algérienne contemporaine en obtenant, en français et en arabe, le Prix de la création littéraire arabe pour le premier, et Grand Prix de la francophonie pour le second. D'autres écrivains prometteurs comme Sarah Haider, Smaïl Yabrir ou Samir Toumi ont, eux-aussi, marqué l'actualité littéraire 2013 dans les deux langues. Auteurs, successivement, de "Virgules en trombe" (Apic),"Barida Ka Ountha" (El-Ikhtilef) et "Alger, le cri" (Barzakh), ces trois jeunes écrivains ont suscité l'intérêt, sinon l'admiration des critiques et des journalistes pour leur exploration littéraire innovante de thèmes urbains, érotiques ou liés à la tragédie algérienne des années 1990. La trentaine à peine entamée, Smaïl Yabrir avait, par ailleurs, été primé en février 2013 pour son précédent opus, "Wassiayt El Maâtouh" (éditions Mime) du prestigieux "Prix Tayeb Salih pour la création littéraire", décerné chaque année par des critiques en hommage au grand écrivain soudanais disparu en 2009. Sarah Haider (26 ans) qui signait avec "Virgules en trombes" une première expérience brillante en langue française après trois romans en arabe, a été, pour sa part, lauréate, du "Prix du premier roman de l'Escale littéraire" 2013 décerné annuellement par une célèbre chaîne hôtelière internationale Alger. Plus âgé mais n'ayant jamais publié, Samir Toumi collectionne, pour sa part, les échos positifs dans les presse et auprès des lecteurs depuis la parution, en octobre 2013, de "Alger, le cri", un premier récit où se confondent, dans une écriture poétique et nerveuse, les questionnements existentiels de l'auteur et la géographie particulière de la capitale algérienne. A côté de ces nouveaux venus, Yasmina Khadra, autre romancier au succès international, dressait, en 2013, dans "Les anges meurent de nos blessures"(Casbah) le portrait attachant d'un boxeur "indigène" dans l'Algérie des années 1920. En plus de son travail créatif, l'auteur de "L'attentat" a également marqué l'actualité en faisant son entrée dans le dictionnaire français "Le petit Robert" puis en s'engageant dans la course aux prochaines présidentielles. Romans sur Camus et hommages aux écrivains assassinés Des écrivains algériens d'une génération intermédiaire ont choisi, en 2013, de consacrer des romans à la figure de l'écrivain français né en Algérie, Albert Camus (1913-1960), dont le centenaire de la naissance était célébré en France et dans le monde. Salim Bachi et Kamel Daoud, tous deux quadragénaires, se sont inspirés de la vie et l'œuvre du Prix Nobel de littérature dans "Le dernier été d'un jeune homme" et "Meursault, contre-enquête", parus chez Barzakh. Albert Camus est différemment présent dans ces deux romans : à travers le portrait intimiste d'un écrivain tuberculeux et tourmenté chez Bachi, et chez Daoud, par une réhabilitation mi-revancharde, mi-satyrique du personnage de l'Arabe dans "l'Etranger" et qui vaut aujourd'hui encore à Camus tant de critiques. L'année 2013 aura également donné lieu à des hommages collectifs d'auteurs et d'universitaires à Jean Sénac (1926-1973) et à Tahar Djaout (1954-1993), deux grands poètes algériens assassinés à vingt ans d'intervalle. Le souvenir de Mouloud Feraoun (1913-1962), autre écrivain assassiné, né il y a un siècle cette année, a également été l'occasion de rencontres et d'adaptation au théâtre de ses œuvres dont aucune n'a été rééditée pour cet anniversaire, au grand dam des lecteurs.