Alors que leur importation et commercialisation sont interdites par la loi, les pétards reviennent en force à la veille de la fête du Maoulid Ennabaoui Echarif et inondent le marché au su et au vu de tous. Si l'année dernière, les autorités compétentes ont montré une volonté de lutter contre ce fléau et pu traquer plusieurs vendeurs à la sauvette dans les marchés et les quartiers populaires, cette fois-ci, les étals sont partout et aucune voix ne s'élève contre le phénomène. A la Protection civile et aux hôpitaux donc d'être sur le pied de guerre pour accueillir cette fête religieuse qui devient, par la négligence des uns et l'inconscience des autres, un malheur pour des dizaines de familles. Des adolescents, des enfants et même des adultes sont séduits par ces étals multiformes et multicolores qui envahissent la voie publique. Hélas !, on ne fête plus la naissance du Prophète par les prières et les bougies comme dans le temps mais avec des «explosifs» dont l'appellation déjà signifie leur danger (double bombe, chitana... pour lesquelles tout un budget et alloué). L'absence de contrôle des marchés et la démission de certaines autorités sont observées à plus d'un titre au moment où les vendeurs s'affichent partout sans que ces autorités ne fassent même pas semblant de les traquer. Par ailleurs, les services de sécurité opèrent des saisies de quantités importantes aux frontières, sur les axes routiers et dans des dépôts sans pouvoir atteindre les lobbies de ce commerce illicite qui touche à la fois la sécurité publique, la santé et l'économie nationale. Des réseaux bien organisés qui savent se protéger en important clandestinement la marchandise juteuse sans se montrer sur la scène et ne laisser aucune trace permettant leur mise en cause ou leur identification. En dépit de cette situation et des quantités énormes de pétards qui font leur avènement à l'approche de la fête religieuse, d'autres millions d'unités sont saisies chaque année. A titre indicatif, rien que pour les derniers mois de l'année écoulée et le début de cette année, plus de deux millions de pétards ont été saisis par les services de la Gendarmerie nationale dans vingt wilayas du pays. Selon la cellule de communication du commandement de l'institution, 146 affaires ont été constatées entre la fin 2013 et les jours passés de 2014, dont 42 à Sétif, dix à Mila, huit à M'sila et sept à El-Oued. Rien que pour ce début d'année, les saisies ont concerné plus de 300 mille unités de pétards de différentes sortes. Parmi les affaires saillantes de ce début d'année, la même source cite l'interpellation d'une personne qui transportait à bord d'un véhicule 226 716 pétards sur le tronçon de l'autoroute Est-Ouest au niveau de la commune de Bechloul (Bouira), l'interpellation de 16 personnes à Sétif en possession de 133 990 pétards et l'interpellation à Djelfa de deux personnes transportant 50 380 pétards à bord d'un véhicule sur la RN166 reliant Had-Sahary à Hassi El-Euch. A El-Oued, lors d'un service de police de la route au carrefour formé par les RN48 et 48.A, commune de Reguiba, les gendarmes de l'escadron de sécurité routière ont interpellé une personne qui voyageait à bord d'un autocar de Biskra vers El-Oued en possession de 38 949 pétards. Les gendarmes de M'sila ont, pour leur part, interpellé, lors d'un service de police de la route sur la RN08, reliant Bousaada à Aïn El -Hadjel, au centre-ville de Ouled Sidi Brahim, une personne qui voyageait à bord d'un autocar d'Alger vers El-Oued, en possession de 33 750 pétards. Dans la même wilaya et lors d'un point de contrôle au carrefour entre le CW09 et le chemin communal non classé menant à Khoubana, les gendarmes de la brigade de Boussaâda ont interpellé deux personnes qui transportaient à bord d'un véhicule 36 982 pétards. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes à l'issue de ces saisies énormes mais qui n'ont pas, malheureusement, empêché la mafia des pétards d'inonder le marché avec leurs marchandises nocives. Des accidents sont déjà survenus ces derniers jours où le calme des quartiers est brisé par l'utilisation des pétards. Ce «jeu» dangereux dont les dégâts battent leur plein la veille du Maoulid Ennabaoui, aujourd'hui, a incité les services de la Protection civile à se préparer au pire des interventions d'extinction d'incendies et d'évacuation de blessés vers les hôpitaux comme chaque année. En effet, la direction générale de cette institution a rendu public hier un ensemble de consignes et de conseils pour éviter les accidents connus en cette occasion. Une initiative visant à réveiller la conscience des familles et éviter les dégâts corporels et matériels dont le bilan est lourd chaque année en attendant que des mesures plus sérieuses soit prises afin de mettre un terme à un commerce illicite et dangereux et l'éradiquer de ses racines à l'arrivée sur le territoire et non après sa propagation partout.