Le gouvernement d'indépendants de Mehdi Jomaâ a obtenu la confiance de l'Assemblée dans la nuit de mardi 28 à mercredi 29 janvier. A l'issue d'un débat marathon, cent quarante-neuf élus ont voté pour (il devait recueillir le soutien d'au moins cent neuf députés), vingt contre et vingt-quatre se sont abstenus, permettant l'entrée en fonction de ce cabinet, avec pour mission de sortir la Tunisie de la profonde crise politique qu'elle traverse et d'organiser dans l'année des élections. La formation de ce gouvernement est le résultat de semaines de tractations ayant inclus l'essentiel de la classe politique. Il succède à l'équipe dirigée par les islamistes d'Ennahda, qui ont accepté de quitter le pouvoir. L'exercice s'est révélé plus difficile que prévu pour M. Jomaâ, qui de la fin de la matinée jusqu'à près de 1 heure du matin a fait face aux critiques de nombreux députés accusant des membres de son cabinet d'avoir occupé des fonctions importantes sous le régime de Ben Ali. Le candidat au poste de ministre de la justice, Hafedh Ben Sala, était particulièrement visé. « Si vous allez voter pour ce gouvernement, vous signerez l'arrêt de mort de la révolution », a lancé un des élus, Hichem Hosni. « Elevons le débat ! Ça ne se fait pas d'accuser des gens alors qu'ils peuvent être innocents », a répliqué le député Salah Chouaïeb. Aucune preuve de ces accusations n'a été apportée, aucune enquête d'ampleur n'ayant été menée depuis la révolution sur les crimes commis durant les deux décennies du régime de Ben Ali. Mehdi Jomaâ a, pour sa part, voulu défendre les siens, assurant avoir fait son choix sur la base de «la compétence, [de] l'indépendance et [de] l'intégrité», tout en promettant de se pencher sur les accusations contre ses ministres soupçonnés d'avoir servi sous l'ancien régime. «S'il y a des ministres qui ne répondent pas à l'un de ces trois critères, je m'engage à réviser» la composition du cabinet, a déclaré M. Jomaâ. Dans la matinée, il avait fixé ses priorités dans son discours de politique générale, insistant sur la nécessité de rétablir la sécurité face au «terrorisme» et de créer les conditions pour relever l'économie afin que les élections puissent avoir lieu en 2014.