Cela dit, le 24 janvier 2014, la scène égyptienne est secouée par une série de quatre attentats terroristes au Caire, contre le siège de la «Sécurité», un poste de police, la gare centrale et un cinéma. Il y a eu une dizaine de morts et 70 blessés. Comme d'habitude, la junte accuse les Frères musulmans... qui démentent formellement et condamnent. Pour le troisième anniversaire de la «révolution» anti-Moubarak, la Confrérie annonce des manifestations pacifiques - bien entendu interdites par la dictature. Deux manifestants ont déjà été tués en province. Le lendemain, tandis que la place Tahrir reste réservée aux «98%» de claqueurs recrutés par la junte, des manifestations contre le régime ont lieu un peu partout dans le pays. On compte une cinquantaine de morts, Frères musulmans et autres opposants, y compris des partisans du Mouvement du 6 avril. Ce mouvement fondé par les services américains avait pourtant soutenu le putsch d'Al-Sissi. Les marionnettes du «printemps arabe» ne sont plus ce qu'elles étaient, ou alors on a oublié leur petit bakchich... Le 26 janvier, avec un certain retard, le portail juif francophone, JForum.fr, nous apprend que c'est le Juif israélo-américain Noah Feldman qui était à l'origine de la constitution des Frères musulmans, adoptée par référendum en décembre 2012, mais soi-disant horriblement islamiste et nécessitant un putsch militaire six mois plus tard. Comme le précise le site en question, Feldman est également le «père spirituel» du projet de constitution tunisienne de 2014. Il a rempli la même «mission» en Afghanistan et en Irak, deux pays envahis, occupés et ravagés par sa seconde patrie pour le compte de la première. Peut-être nous révélera-t-on dans quelques années que Feldman a aussi rédigé la constitution des putschistes égyptiens... Mais comme l'actualité évolue, le ridicule ne tue pas. Eh oui, le général Al-Sissi a été promu maréchal (ou plutôt, il s'est promu lui-même). Les enfants des écoles apprennent déjà le nouvel hymne : «Al Sissi sauveur de l'Egypte...» On va bientôt leur distribuer des chocolats à l'effigie du nouveau maître... L'état-major militaire (qui dépend d'Al-Sissi) conjure le Maréchal de «céder à la demande du peuple» (98%) et d'être candidat à la présidentielle. Le bruit court que l'homme fort du Caire, qui est âgé de 59 ans et n'a plus beaucoup de temps à perdre, va bientôt se faire construire une pyramide ; elle dépassera en taille et en splendeur tout ce que l'Egypte a connu jusqu'ici. Le 28 janvier, c'est l'ouverture d'un deuxième «procès» Morsi, pour évasion (en janvier 2011) de la prison de Wadi Natroun où l'avait jeté le dictateur Moubarak. Pour éviter toute «mauvaise surprise» et empêcher que les personnes présentes dans la salle n'entendent les déclarations gênantes du président, on l'a enfermé dans une cage de verre insonorisée. Les autres dirigeants de la Confrérie, également «jugés», se trouvent dans une cage de verre séparée. (A suivre)