Le président égyptien destitué Mohamed Morsi est apparu mardi combatif devant un tribunal du Caire le jugeant pour son évasion de prison en pleine révolte contre Hosni Moubarak en 2011. La police a par ailleurs été visée par de nouvelles attaques faisant deux morts, dont un haut responsable de la police. Après la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée, qui vient de demander à son chef Abdel Fattah al-Sissi de postuler à la magistrature suprême, les attentats visant les forces de sécurité se sont multipliés, revendiqués pour les plus sanglants par un groupe jihadiste s'inspirant d'Al-Qaïda, Ansar Beït al-Maqdess. Mais le gouvernement intérimaire installé par le général Sissi --promu maréchal lundi-- en accuse systématiquement les Frères musulmans, décrétés désormais "organisation terroriste". La télévision a diffusé des images de M. Morsi, portant l'uniforme blanc des détenus, gesticulant avec colère les bras levés en s'adressant à la cour. "Qui êtes vous?", a-t-il lancé, ajoutant: "Savez-vous qui je suis?". M. Morsi, le seul président jamais élu démocratiquement en Egypte, encourt la peine de mort -comme dans deux autres des procès intentés contre lui- pour s'être évadé de prison avec, selon l'accusation, la complicité de membres du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et de mouvements jihadistes, la plupart jugés par contumace. L'accusation a égrené les noms des 131 accusés. Les Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, ont oeuvré "avec le Hamas et le Hezbollah pour semer le chaos et pour la chute du pouvoir", a affirmé le procureur. M. Morsi, arrêté par l'armée le 3 juillet, est apparu au côté d'autres leaders de sa confrérie, dont le guide suprême Mohamed Badie, derrière le grillage d'une cage. L'audience a été levée dans l'après-midi et le procès doit se poursuivre le 22 février. Au lendemain du 25 janvier 2011, début de la révolte, Moubarak faisait arrêter les principaux leaders des Frères musulmans dont Morsi, pour éviter la contagion dans la rue. Deux jours plus tard, le 28 janvier, en plein chaos, des dizaines d'assaillants abattaient les murs de leur prison à l'aide de bulldozers et des milliers de détenus s'enfuyaient. Cette évasion s'était soldée par la mort de gardiens et policiers dans des échanges de tirs. Lors de la seule audience d'un autre procès où il a comparu physiquement le 4 novembre, le chef de l'Etat déchu avait qualifié les procès contre lui de "politiques" ajoutant qu'il étaient intentés par le pouvoir "illégitime" des auteurs d'un "coup d'Etat".