Un premier Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique sera réalisé prochainement à Alger, stipule un accord conclu vendredi à Paris entre l'Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture (Unesco) et l'Algérie. L'accord a été signé au siège de l'organisation onusienne, par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et la Directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, en présence notamment de l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, et la vice-présidente du Conseil de la nation, Zohra Drif-Bitat. Lors de la cérémonie de signature de l'entendement, Mme Bokova a exprimé sa «profonde satisfaction» quant à la création de ce centre africain en Algérie, pays, qui, selon elle, permet des possibilités de coopération dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel du continent. «Cette coopération rejoint notre ambition d'avoir un lien très étroits entre culture et développement durable pour protéger le patrimoine immatériel et le lier aussi avec la diversité des expressions culturelles en Afrique», a-t-elle affirmé, rappelant que la coopération entre l'Unesco et l'Algérie a "toujours eu une substance". De son côté, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a indiqué que la nouvelle institution africaine veut servir les objectifs culturels de l'Unesco dans le domaine particulier du patrimoine culturel immatériel pour lequel l'Algérie a ratifié la convention international comme «premier Etat au monde» en février 2004, sitôt adoptée par la Conférence générale. Elle a affirmé l'engagement de son pays de "faire tout" pour participer aux réflexions et actions visant à dresser les inventaires, à effectuer des travaux d'études et de recherche, à conserver, à sauvegarder, a revivifier le patrimoine culturel immatériel africain tout en le mettant en valeur. Placé sous la tutelle du ministère de la Culture, le Centre de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel africain devrait mener, sous l'égide de l'Unesco et en concertation et dialogue avec les pays du continent, des politiques et déployer des actions pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique. Parmi ses actions, il aura notamment à élaborer des inventaires d'identification, d'enregistrement, d'étude, de recherche, de publication et de diffusion du vaste patrimoine culturel africain. Centre international d'Alger pour la préservation du patrimoine culturel immatériel d'Afrique Le Centre international d'Alger pour la préservation du patrimoine culturel immatériel d'Afrique, créé en vertu d'un accord entre l'Unesco et l'Algérie, signé vendredi à Paris, a pour mission de "revivifier" et d'"inventorier" les rites, pratiques, festivités et savoir-faire liés aux cultures des sociétés africaines. Financé et géré administrativement par le gouvernement algérien et placé sous l'égide de l'Unesco, le centre va devoir mener des travaux de recherche, compilation et renseignement intéressant le patrimoine culturel immatériel des pays africains. La création de ce centre de «catégorie 2», géré et financé par le pays hôte --contrairement aux centres de «catégorie 1" financés par l'Unesco-- a été décidée en novembre 2013 par la conférence générale lors de la 37ème session de l'organisation onusienne. L'Unesco a porté son choix sur l'Algérie pour accueillir ce centre au vu de l'expérience acquise par ce pays en matière de gestion et de préservation du patrimoine culturel immatériel. Aux dires du directeur du Centre national de recherches préhistoriques, historiques et anthropologiques (Cnrpah), le nouveau centre sera un instrument d'application de la convention de l'Unesco de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dont le principe directeur est la coopération et l'assistance internationale. Il sera également, commente M. Slimane Hachi, une «extension de l'expérience algérienne à l'échelle continentale», une perspective qui s'appuie sur «des moyens humains et institutionnels algériens déjà existants». En 2013, les efforts de l'Algérie en matière de préservation du patrimoine culturel immatériel avaient été couronnés par le classement de l'Imzad et du pèlerinage "Rakb" au mausolée de Sidi Cheikh sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Ces classements se sont ajoutés à l' "Ahalil du Gourara", une musique mystique du sud algérien, et à la "Chedda" (costume nuptial) de Tlemcen, inscrits au patrimoine de l'Unesco en 2008 et 2012 respectivement, portant ainsi à quatre le nombre de pratiques culturelles immatérielles algériennes classées. Ces classements, dont celui de l'Imzad, pratique commune à pas moins de cinq pays africains, sont venus conforter les travaux menés par l'Algérie pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel menacé dans toutes les régions algériennes et même dans les pays voisins. L'Algérie avait également été mandatée, en juillet 2013, par l'Union africaine pour abriter et réaliser le "Grand musée d'Afrique" avec l'assistance de l'Unesco. Depuis 2008, la convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel a permis le classement d'une trentaine de rituels, pratiques et savoirs faire africains dans la "liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité", dont "les pratiques liés au Balafon", "Les rites de pêche collective", un patrimoine commun à plusieurs pays et classé en tant que tel par l'Unesco.