«Puis vint le tour de la croisade nationaliste contre les russophones, Russes ethniques et Ukrainiens russophones - la distinction est capitale - principalement les ouvriers de l'industrie, du sud et de l'est du pays. Le régime de Kiev a banni le Parti communiste et le Parti des régions, qui est le plus grand parti du pays, massivement soutenu par les ouvriers russophones. Le premier décret du régime a interdit le russe dans les écoles, à la radio et à la télévision, ainsi que tout usage officiel du russe. Le ministre de la culture a qualifié les russophones d'imbéciles, et a proposé de les jeter en prison s'ils se servaient de la langue interdite en public. Un autre décret menaçait de dix ans de taule tout détenteur de la double nationalité russe et ukrainienne, tant qu'il n'aurait pas renoncé à son identité russe. Et ce n'étaient pas de vains mots : les troupes d'assaut du Secteur Droit, la force de combat d'avant-garde en faveur du Nouvel Ordre, ont parcouru le pays en terrorisant les officiels, en frappant les citoyens, en occupant les bâtiments gouvernementaux, en abattant les statues de Lénine, en démolissant les monuments commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale, et en imposant leur loi par tous les moyens... » «La Russie ne s'était pas mêlée des évènements ukrainiens, car Poutine ne voulait pas être accusé d'ingérence, alors même que des envoyés US et européens prêtaient main forte aux rebelles et les encadraient. Le peuple russe l'applaudirait chaudement s'il devait envoyer ses tanks à Kiev pour reconquérir l'Ukraine toute entière, qu'ils considèrent comme partie intégrante de la Russie. Mais Poutine n'est pas un nationaliste russe, et il n'a pas de perspective impériale...» Sur l'intervention occidentale occulte en Ukraine russophone (Blackwater et autres forces spéciales), Paul Craig Roberts écrit à son tour : «Washington et ses marionnettes de l'UE, qui proclament leur soutien à l'autodétermination, ne soutiennent celle-ci que lorsqu'elle peut-être manipulée à leur profit. En conséquence, Washington oeuvre à se débarrasser de l'autodétermination en Ukraine orientale. C'est un grave dilemme pour Poutine. Son approche profil bas a permis à Washington de saisir l'initiative dans cette région. Les oligarques Tarouta et Kolomoïski ont été mis au pouvoir à Donetsk et à Dniepropetrovsk et sont en train de faire arrêter des Russes et de commettre des crimes indescriptibles, mais vous ne l'entendrez jamais dans les médias occidentaux. La stratégie de Washington est d'arrêter et de mettre six pieds sous terre les leaders des sécessionnistes, de façon à ce qu'il ne reste plus aucune autorité pour demander l'aide de Poutine et l'intervention de la Russie... Si Poutine laisse Washington s'emparer des provinces orientales russes de l'Ukraine, il aura alors démontré une faiblesse que Washington va exploiter. Washington exploitera cette faiblesse au point qu'il forcera Poutine à faire la guerre. Et cette guerre... sera nucléaire.» Cela dit, ni foi ni loi, la loi du talion régit désormais ce monde au moment où beaucoup feignent de jouer aux «révolutions démocratiques». (Suite et fin)