La campagne électorale se poursuit pour la quatrième journée. La wilaya de Chlef a reçu, hier, le candidat indépendant à la présidentielle du 17 avril prochain, Ali Benflis. Avant de se rendre à la salle où il a prononcé son discours, le candidat, accompagné par une importante délégation où se trouvaient l'ex-ministre des Finances du gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali, et l'ex-candidat à la présidentielle, Ali Benouari, s'est rendu au cimetière des martyrs pour rendre hommage aux chouhada de la région. Ensuite, M. Benflis a animé un meeting au niveau de la salle de conférences de la maison de la culture, au centre-ville de Chlef. Dans une salle pleine de militants et de sympathisants du candidat, M. Benflis a déclamé son discours en présentant les grandes lignes de son programme électoral. Il a débuté son discours par rappeler l'histoire de la région. «Aimable Jean-Jacques Pélissier, qui était autrefois colonel de l'armée française, a exterminé la population de Dahra. Ce criminel était à l'origine des enfumades de Dhara où des centaines d'enfants, des femmes et de vieux ont été tués dans une grotte avant même les enfumades d'Hitler. Si on était dans un pays de droit et de justice, ce criminel de guerre devait être jugé, au tribunal de l'Histoire.» Le candidat a également rappelé les guillotinés de la guerre de Libération nationale à l'image de Maâmar Sahli, Abdelkader Mekkaoui, Khelif, Hassiba Ben Bouali ainsi que les sœurs Bedj. Même l'auteur et compositeur Omar El-Mokrani a été cité : «Je suis un amoureux de belles lettres, notamment les lettres arabes et c'est la raison pour laquelle je dois citer ce symbole de chant populaire, Cheïkh Omar El-Mokrani.» Dans son discours, l'orateur a fait allusion aux séismes de 1954 et de 1980 en citant le bilan ce dernier qui s'élève à 2 600 morts. «Je suis un enfant de ce pays et surtout de l'école de Benboulaïd, je n'ai pas appris à insulter le peuple ni une partie du peuple au détriment d'autre», déclare-t-il. «Je lance à partir de cette tribune un appel aux candidats concurrents à venir bâtir l'Algérie ensemble avec une crédibilité sans précédent. Je suis venu en rassembleur.» Le candidat a longuement plaidé pour son projet de rénovation nationale du pays «Notre projet est un projet qui consiste en la rénovation nationale de notre chère Algérie, ce même projet a été plagié par d'autres candidats sans pour autant respecter le droits des autres. Ils ont non seulement volé de l'argent du peuple, les biens du pays mais aussi les droits d'auteur d'autrui dont nous sommes victimes.» S'agissant du dossier des 20 000 baraques construites au lendemain du séisme, M. Benflis a promis les présents de trouver une solution concluante de ce problème : «Les baraques construites au lendemain du séisme de 1980 n'ont pas encore été reconstruites en dur. Jusque-là, aucun dispositif réel et efficient n'a été mis en place alors que le séisme a frappé la ville il y a 34 ans.» Il a accusé, par ailleurs, le pouvoir actuel de n'avoir rien fait pour résoudre ce problème : «peut-on croire quelqu'un qui n'a pas réglé le problème en 15 ans de règne, qu'il va le régler dans les cinq prochaines années. Une fois élu président, je vous promets de trouver une issue à ce problème qui persiste depuis plus de trois décennies», enchaîne-t-il ses arguments. Concernant le développement local de la wilaya de Chlef, le candidat a prévu un programme riche dans les secteurs industriel et de l'agriculture. «Nous optons pour la création d'un dynamisme industriel et agricole au niveau de Chlef, car la wilaya dispose d'un potentiel humain et notamment de cadres dans les deux sexes. Des ressources hydriques importantes mais on trouve moins de barrages. La wilaya peut recevoir des dizaines de barrages et des retenues collinaires pour irriguer les importantes terres agricoles dont dispose la wilaya», précise-t-il. D'après l'ex-chef de gouvernement, le programme électoral est le fruit d'une douzaine d'années de travail et d'études minutieuses. «Depuis 12 ans, j'ai fait un plan de développement pour chaque wilaya en me basant sur une grande carte géographique de l'Algérie que j'ai plaquée sur l'un des murs de mon domicile.» M. Benflis a insisté sur le fait que la wilaya de Chlef nécessite un nouveau découpage administratif des daïras et des communes, pour faciliter la gestion de ces circonscriptions administratives. «Soyez assurés que je ne vais ramener aucun membre de ma famille pour l'imposer au peuple et le désigner dans les postes stratégiques», a-t-il clamé. Le thème principal réservé par l'orateur pour ce meeting au niveau de la wilaya de Chlef est celui de la neutralité de l'administration. Cette dernière doit, selon lui, servir la population et non une partie de la population. «Dans mon projet, j'ai bien déterminé les prérogatives des administrateurs et des responsables pour qu'ils ne soient pas soumis à des pressions de haut. La continuité de l'Etat ne peut être assurée que par la neutralité de l'administration.Les walis actuels sont soumis, poursuivra-t-il, à une forte pression de la part des hauts responsables, et encore par des coups de fil avec des instructions verbales illégales. Ils vivent dans une peur en continu. Je suis là avec vous pour contribuer au rajeunissement des cadres de l'Etat au nord comme au sud sans discrimination.» Le secteur de la communication a eu sa part du discours. Le postulant au poste de président de la République a promis aux journalistes d'adopter le meilleur système d'information au monde que proposent les gens du métier. «Je vous fais un défi de l'adopter le lendemain qu'il soit pour le secteur privé ou public.» Les fonds publics et l'argent public sont, pour le candidat, «sacrés». Le peuple peut, selon son programme, poursuivre les responsables impliqués dans la corruption, et ils doivent rendre tout ce qu'ils ont volé. Enfin, M. Benflis a appelé les présents à voter massivement le 17 avril afin de barrer la route aux boycotteurs et les «spécialistes» de la fraude. «Les urnes sont comme des domiciles, inviolables. Vous êtes appelés donc à barrer la route aux falsificateurs», insiste-t-il.