le secrétaire général du FLN a appelé toutes les kasmas du parti à organiser des assemblées générales et des portes ouvertes. Dans sa première sortie, depuis le début de la campagne «antiFLN», le secrétaire général du parti majoritaire, Ali Benflis, a choisi le noyau où se sont larvées les premières manifestations du complot de «déstabilisation» Blida, en l'occurrence. La salle omnisports Baâziz n'a pas pu contenir les milliers de militants des 25 kasmas qui s'y sont rendus tôt dans la matinée de jeudi dernier. «Une démonstration sur le terrain qui se veut une réponse aux putschistes et une mise au point aux commanditaires du scénario de déstabilisation.» Sous une chaleur suffocante qui régnait à l'intérieur de la salle, Benflis a mouillé sa chemise au bout de deux heures d'un discours totalement projeté vers l'avenir. Un discours-programme d'un candidat à la présidentielle de 2004. «Vous et moi n'avons pas de temps à perdre dans ces futilités. Parlons plutôt de l'Algérie de demain et comment la conçoit le FLN», s'est-il adressé aux nombreux militants présents en évacuant d'un revers de la main ce qu'il a appelé «les fausses appréciations de ceux qui se sont trempés d'époque et qui croient encore que le peuple algérien peut être géré comme un troupeau». Habituellement réservé, le secrétaire général du FLN a haussé le ton jeudi, à Blida en identifiant clairement sa cible qu'il nomme - à la façon : suivez mon regard- : «Pour celui à qui la marche du monde s'est arrêtée avec le train des années 1970, il lui sera difficile de concevoir une Algérie des libertés et de la démocratie.» Et de lancer sur le même ton : «On ne veut pas d'un Etat géré par le mensonge et l'intrigue.» Avant de rappeler, toujours à l'endroit de ses adversaires, un triptyque inspiré des derniers événements qu'a vécus le FLN : «Ne pas se tremper de peuple, ne pas se tremper de pays et ne pas se tremper d'époque.» A la salle surchauffée par ses propos tranchants, Benflis ajoute: «Avons nous le droit de prendre des décisions à l'intérieure du parti en toute souveraineté? Le FLN est désormais la locomotive.» Au «oui» clamé en choeur, il rappelle que l'acte premier du FLN a été la libération de l'Algérie, le second a consisté en la reconstruction du pays et le troisième acte c'est le FLN rénové qui va approfondir le multipartisme sans monopoliser la scène politique et médiatique. «Le fondement de ce troisième acte est l'autonomie de décision du parti comme stipulé dans les résolutions du 8e congrès», a-t-il insisté. Les comptes ainsi réglés avec ses adversaires, l'ex-Chef du gouvernement enchaîne sur le programme du FLN troisième génération tout en se projetant dans le contexte électoral de 2004. Au FLN explique-t-il : «Nous avons un projet pour le service public, la justice, la santé, le ministères de l'Intérieur, et des Affaires étrangères, les ponts et chaussées et l'école, tous ces services doivent être éloignés de la politisation», avant de clamer: «Les grands services publics sont la propriété de tous les Algériens.» Le corps des walis, de chefs de daïra, des directeurs de l'exécutif et tous les administrateurs qui assurent la pérennité du service public ont constitué le deuxième axe du discours de Benflis. Le FLN, qui n'a pas caché ses craintes d'une éventuelle fraude lors de la prochaine présidentielle demande la protection de ces commis pour qu'ils servent l'Etat et uniquement l'Etat. Aussi Benflis a-t-il demandé un statut des walis et leur protection assurera le bon fonctionnement des services et la neutralité de l'administration. Au plan économique, le SG du FLN a réitiré la demande d'une économie sociale du marché. «Il ne s'agit pas d'un problème idéologique, c'est de rentabilité et d'efficacité, on ne veut pas d'un bradage des richesses nationales.» Dans son discours, Benflis n'a pas omis la crise de Kabylie: «Cette région d'hommes nationalistes a besoin de retrouver la paix. Le SG, le CC, le BP, les kasmas du FLN sont pour le règlement de cette crise par le dialogue et uniquement le dialogue.» Par ailleurs, il a appelé toutes les kasmas du parti à organiser des assemblées générales et des portes ouvertes pour expliquer au citoyen la démarche «saine du FLN rénové». Ainsi le coup de starter de la campagne pour la présidentielle de 2004 est donné.