C'est presque devenu une habitude. Après des tournées qui le mènent partout dans le monde, l'Orchestre National de Barbès revient de loin en loin donner de ses nouvelles. Son cinquième disque, « Dame de coeur », laisse une large place à la chanson et aux voix féminines. Qu'on se rassure : l'ONB a gardé son charme bricolé et, alors qu'il s'apprête à fêter ses 18 ans, le groupe n'a rien perdu de son goût des mélanges. Cette fois-ci, il a joué la carte de la chanson et des voix féminines. Pour son cinquième disque à peine en dix-huit ans d'existence, l'Orchestre National de Barbès amène une fois de plus sa fusion entre les sons du Maghreb -gnawa, chaâbi, raï...- et une culture de l'exil née dans les bars de Paris, dans une nouvelle direction. Si on retrouve bien les rythmes qui transforment ses concerts en véritables fêtes, l'orchestre à géométrie variable a encore ajouté tout ce qui lui est passé par les oreilles. Reggae, soul, rock, sonorités ethio-jazz du souk... L'ONB n'est jamais autant lui-même que lorsqu'il entrechoque les styles musicaux et mélange les genres, invitant six chanteuses invitées qui jouent la plupart du temps ce jeu. Les retrouvailles avec l'ONB se révèlent franchement plaisantes, puisqu'il demeure un groove redoutable et une énergie communicative (Keyna, Gamra, Tikchbila). A l'image de ces joyeux drilles qui semblent chez eux sur toutes les scènes du monde. On l'avait découvert avec son fameux tube «Loukan idirou aâlik bab hdid» qui avait partout cartonné, des fêtes familiales aux discothèques, en passant par les ondes radios. Puis, d'autres titres sont venus prendre le relais, forçant un peu plus l'admiration qu'on commençait à avoir pour ce groupe, un groupe au nom plus qu'original : l'Orchestre National de Barbès ou tout simplement ONB. C'est à Youcef Boukella, bassiste et compositeur, que nous devons, en 1995, la création de l'ONB. Composée de douze musiciens, issus de nationalités et donc de cultures diverses, l'ONB a, dès le départ annoncé la couleur, en proposant une musique butinant ici et là, sons et couleurs musicales. Ainsi, entre le traditionnel et le moderne, l'urbain et le rural, ils ont établi des ponts, au grand bonheur d'un public assoiffé de métissage et dont le coeur balance allègrement entre rock et trad', gnawa et raï, salsa et chââbi, reggae, alaoui ou encore jazz. Le tout, bien évidemment servi dans la joie et la bonne humeur, ce qui n'est pas pour déplaire aux fans. Défendant, avant tout, les couleurs de la rue et des quartiers populaires, l'ONB a gagné au fil des scènes et des concerts en maturité et en notoriété. Le groupe a plusieurs album à son actif, le premier « En concert » est sorti en 1997, avant d'être suivi, deux ans plus tard par « Poulina ». Après ce second opus, les fans devront patienter presque dix ans –neuf, plus précisément- pour écouter le troisième album du groupe multiethnique intitulé « Alik ». En 2010 sort « Rendez-vous à Barbès » et, respectant toujours l'intervalle de deux ans, ils sortent en 2012 un album live pour leurs « 15 ans de scène ». Le dernier opus « Dame de c?ur » est sorti en France il y a quelques jours.