Le 21 mai dernier, le sulfureux groupe métis, l'Orchestre national de Barbès a paraphé un nouvel opus qui compte, parmi les quatre existants déjà. Intitulé, " Rendez-vous Barbès ", ce quatrième opus devrait réjouir les fans de l'orchestre toujours aussi nombreux. Deux ans à peine après la sortie de "Alik " (Attention) la formation qui vit en France sera visible le 28 mai 2010, en ouverture, du Festival Jazzellerault au Châtellerault et le 29 mai à Caravan Palace. Depuis 2003, l'ONB a dû revoir de fond en comble son équipe en apportant des réaménagemens humains qui a vu arriver Khlif Miziallaoua (guitare), Mustapha Mataoui (clavier), Emmanuel Le Houezec (flûte, saxo) et le projet d'un troisième album régulièrement remis sur le métier. Sous la forme d'un CD 10 titres, Alik est sorti chez Wagram. On y trouvera le fameux "La Carte de résidence" de Slimane Azem que l'Orchestre a souvent revisité depuis dix ans, "Civilizi" de Cheikh Mamachi et... "Sympathy for the Devil" des Rolling Stones. Après avoir étrenné Alik (Attention), en février 2008 à l'Elysée-Montmartre à Paris, l'ONB a entamé une grande tournée qui passait notamment par une escale à l'Olympia en mai. L'Orchestre National de Barbès, ce sont onze musiciens français, marocains et algériens qui se sont longtemps croisés sur scène ou en studio et auxquels Youcef Boukella a proposé de jouer les premiers rôles en créant une formation. Parmi les fondateurs, outre l'auteur, compositeur et bassiste Youcef Boukella, celui de l'heureux album Youcef (Virgin, 1994), figuraient notamment Larbi Dida, chanteur et transfuge de Raïna raï, Aziz Sehmaoui nourri aux ryhmes des cérémonies gnawa de Marrakech et Fateh Benlala qui fut l'élève au conservatoire d'Abdelkader Chercham, une figure du chaâbi d'Alger. L'ONB s'est toujours proclamé plaque tournante de musiciens qui échangent leurs différences et les rendent complémentaires. Il y eut donc des arrivées comme celle du chanteur Mehdi Akseur qui les a rejoint avec leur second album et aussi des départs pour d'autres aventures comme ce fut le cas avec Larbi Dida, le saxophoniste Alain Debiossat, le guitariste Olivier Louvel, Fateh Benlala et Aziz Sehmaoui. Leur premier disque a été vendu à plus de 100.000 exemplaires. Après l'Olympia en avril 1999, à l'occasion de la sortie de Poulina, ils fêtaient leur premier Zénith en novembre de la même année. Leurs différentes tournées les ont menés sur les trois continents devant des publics séduits par un répertoire résolument festif qui marie chaâbi, gnawi, reggae, rock et rumba. Un groupe intercontinental Alexandrie, le Caire, Paris, Penhars,, Allemagne,?..ce sont les destinations du groupe : ONB un nom qui sonne comme une équipe de foot. Agenda bien plein l'été 2009 pour ce groupe difficilement classable du point de vue de sa nationalité. L'histoire de ce groupe remonte aux années 80 dans le quartier de Belcourt à Alger. Youcef Boukella chanteur de rock et de la bossa nova avec ses grands frères. Devenu bassiste, il joue dans le premier groupe de rock algérien T 34, en 1985. Il embarque ensuite dans les valises d'un musicien américain, Jeff Gardner pour Paris. Il se retrouve au milieu de la tourmente raï du moment. Il accompagne alors Cheb Mami ou le kabyle Takfarinas. C'est le musicien Safy Boutella qui l'initie au jazz underground. Il enregistre alors un album de quatre titres avec Larbi Dida. En 1994, il enregistre un album solo "Salam". Leur travail est unique : de la musique traditionnelle d'Afrique du Nord, aussi bien au niveau technique que spirituel, ils continuent pourtant leur recherche de sonorités nouvelles. La pop fait aussi partie intégrante de leur style et s'y glissent facilement grands instruments électriques. Le saxophoniste du groupe de jazz Sixun Alain Debiossat, ainsi que les clavistes Jean-Baptiste Serre et Tewfik Mimouni viennent aussi apporter leur collaboration dans cette entreprise de fusion musicale. Dans les concerts, on les voit tous rayonner de plaisir, jouer ensemble dans une complicité que l'on devine sincère. Un titre des Rolling Stones permet au groupe de poursuivre son entreprise de fusionnement musical et culturel. Car comme d'habitude, de nombreuses influences se croisent et fusionnent dans la musique de l'ONB, le chaâbi, le raï, le reggae, la musique gnawa, mais l'incursion avec du rock transforme "Alik" en album de la mutation.