L'ex-sénateur Marcello Dell'Utri, cofondateur du parti de l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, a été arrêté au Liban alors qu'il était en cavale sous le coup d'une condamnation pour complicité avec la mafia, a annoncé le ministre italien de l'Intérieur. «Marcello dell'Utri se trouve actuellement dans les bureaux de la police libanaise», à Beyrouth, a indiqué le ministre Angelino Alfano à Rome à des journalistes en marge d'un congrès de son parti, le Nouveau Centre Droit. Il a précisé que l'Italie demandera comme «c'est naturel et logique» l'extradition de M. Dell'Utri vers l'Italie. La police anti-mafia italienne, saisie d'une demande d'arrestation depuis mardi dernier, avait indiqué qu'il était «introuvable» et le considérait comme en fuite. Depuis vendredi soir, M. Dell'Utri fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen qui vaut pour toute l'Union européenne et les pays avec lesquels l'Italie a signé des accords d'extradition. Selon des médias italiens, ce ne serait pas le cas du Liban, pays qui aurait en outre émis un passeport diplomatique en sa faveur. M. Dell'Utri, 72 ans, avait fait diffuser vendredi un communiqué où il niait «vouloir se soustraire à la sentence (définitive prévue mardi prochain ndlr) de la Cour de cassation» et être «à l'étranger pour une période de soins et de repos». Sa disparition avait suscité une levée de boucliers dans la classe politique, l'extrême gauche et l'ancien procureur anti-mafia Antonio Ingroia affirmant que lui avoir permis de «fuir à l'étranger était honteux et indécent pour un pays civilisé». Manfredi, fils du juge Paolo Borsellino tué dans un attentat à la bombe mafieux en 1992 a eu des mots encore plus durs : «Il s'agit du référent politique des assassins de mon père, les frères Graviano. La justice frappe toujours avec retard ces gens-là et finalement d'une manière ou d'une autre, ils ne payent jamais pour le mal qu'ils ont fait». Dans ses motivations de la condamnation de Dell'Utri à 7 ans de prison en mars 2013, la Cour d'appel de Palerme l'avait accusé d'avoir notamment servi de «médiateur dans le pacte entre Silvio Berlusconi et la mafia» en vertu duquel cette dernière avait assuré la protection du Cavaliere entre 1974 et 1992, contre espèces sonnantes et trébuchantes. Dell'Utri avait dirigé la branche publicitaire de l'empire médiatique de Silvio Berlusconi, Mediaset. Très proche de l'ex-Cavaliere, il l'avait aidé à fonder le mouvement qui allait le porter en 1994 au pouvoir, Forza Italia.