Le limogeage de David Moyes, 10 mois à peine après avoir succédé à Alex Ferguson, et la nomination de Ryan Giggs en intérim, mardi, entérinent la saison catastrophique de Manchester United. «Manchester United informe que David Moyes a quitté le club», a sobrement indiqué la formation mancunienne, qui «souhaite le remercier pour son travail, son honnêteté et son intégrité». Fin de l'histoire. L'intérim a été confié à Ryan Giggs, emblème d'un club pour lequel il a joué 962 fois depuis 1991 et qui, malgré ses 40 ans, conciliait cette saison, les fonctions de joueur et d'entraîneur-adjoint. Selon la presse anglaise, Moyes, un Ecossais de 50 ans, a été prévenu de cette décision plus tôt dans la matinée par le directeur général Ed Woodward, quelques heures après une réunion de l'état-major du club et des propriétaires lundi. Nommé pour remplacer «Fergie», l'icône locale qui a tenu les rênes de la maison rouge plus de 26 ans avant de partir sur un dernier titre de champion, Moyes quitte donc ManU alors qu'il avait signé un contrat de six ans pour marquer la volonté du club de s'inscrire dans un projet à long terme... Comble de l'ironie, c'est la défaite contre Everton dimanche (2-0) qui a scellé son sort alors qu'il avait passé 11 ans chez les Toffees avant d'arriver à Manchester l'été dernier. «De mal en pis» «Cela aurait pu être géré bien mieux que ça, a cependant estimé l'ex-Mancunien Gary Neville devenu consultant. Mais, il ne faut pas se cacher, l'équipe a proposé un jeu pauvre cette saison et les résultats l'ont été aussi. Les prestations ont même été de pire en pire. «Si United a été contraint à un choix aussi brutal, c'est d'ailleurs parce que le club pourrait, pour la première fois depuis 1990, commencer la saison prochaine sans être qualifié pour une quelconque coupe d'Europe. La Ligue des champions a d'ailleurs longtemps été une bouée de sauvetage pour Moyes cette saison et retardé l'échéance, avant l'élimination en quart de finale contre le Bayern (1-1, 3-1). Avec Moyes à la baguette, les champions d'Angleterre en titre ont en effet, plongé à la 7e place à quatre matchs de la fin, avec 23 points de retard sur le leader Liverpool et 13 sur la dernière place qualificative pour la Ligue des champions. Le costume aura donc été trop lourd à porter pour le remplaçant de Sir Alex, mais ce dernier doit également endosser une certaine responsabilité dans cet échec puisque c'est lui qui a personnellement recruté son compatriote écossais. Austère et travailleur, celui-ci avait précédemment œuvré à Everton, avant tout pour maintenir et développer «l'autre» club de Liverpool plutôt que pour le conduire sur le chemin de la gloire. C'est donc un entraîneur sans palmarès qui avait pris en main le 9 mai 2013 la destinée d'un club à l'insatiable appétit de titres. Un retour de Fergie ? Moyes a aussi payé la catastrophique campagne de recrutement, marqué notamment par les 33,5 millions d'euros dépensés cet été, le jour de la clôture du mercato pour recruter Marouane Fellaini. Débauché d'Everton, encore, le milieu belge n'a jamais donné satisfaction et les Red Devils ont dû casser leur tirelire en janvier pour attirer de Chelsea Juan Mata contre le paiement d'une indemnité record pour MU de 45 millions d'euros. Avec un groupe en fin de cycle à reconstruire, la famille américaine Glazer, qui possède le club, ne se voyait pas confier de nouveau sa carte bleue à un homme ayant une première fois échoué à en faire bon usage. Si Giggs n'assure qu'un intérim, des noms plus ronflants pourraient résonner bientôt du côté d'Old Trafford. Le sélectionneur des Pays-Bas Louis van Gaal est ainsi actuellement le grand favori des bookmakers anglais devant l'Allemand de Dortmund Jurgen Klopp. La presse britannique évoque également les noms de Laurent Blanc (PSG), qui a fini à MU sa carrière de joueur (2001-2003), ou celui de Diego Simeone. Outre sa réussite à l'Atletico Madrid, qui est en demi-finale de C1, l'Argentin est connu à Manchester pour avoir provoqué le carton rouge de David Beckham en 1998 lors du Mondial. Le retour de Ferguson, tiré de sa retraite, a également, et inévitablement, une petite cote.