Les concertations sur la prochaine révision constitutionnelle, annoncées mercredi en Conseil des ministres par le président Bouteflika, vont mobiliser, à partir du début du mois prochain, les différentes formations politiques, des personnalités nationales et des associations qui auront, au préalable, dès la mi-mai, pris connaissance des propositions d'amendements dégagées par la commission d'experts chargée de l'élaboration de la Constitution, installée au début du processus de réformes politiques décidées en 2011. Il s'agit, sur cette base, pour les participants aux concertations, de se préparer à exposer et débattre leurs vues, commentaires et éventuelles contre-propositions. Cette révision constitutionnelle, imposée à la fois par l'évolution rapide de la société algérienne et par les mutations profondes que traverse le monde, est voulue «consensuelle» par le président Bouteflika qui a décidé d'associer l'ensemble des forces vives. Les concertations qui se feront dans la «transparence» pour»permettre à l'opinion d'en suivre le déroulement» – le chef de l'Etat a insisté sur ce point – seront conduites par Ahmed Ouyahia, et porteront sur des préoccupations qui ont été soulignées par le président Bouteflika : «consolider la démocratie participative, renforcer les droits et libertés individuels et collectifs, et conforter l'Etat de droit» ou, plus précisément «renforcer la séparation des pouvoirs et le rôle du Parlement, conforter l'indépendance de la justice, affirmer la place et les droits de l'opposition, et consolider les garanties des droits et libertés des citoyens», selon les termes du chef de l'Etat. L'objectif est notamment de parvenir à une Constitution qui garantisse notamment la consolidation du rôle de l'opposition et consacre le principe de séparation des pouvoirs. Une fois achevées, ces consultations conduiront à l'élaboration d'un «projet consolidé de révision constitutionnelle» prenant en considération les vues et propositions des partenaires à ce dialogue, qui sera ensuite soumis à la procédure de révision constitutionnelle prévue par la loi fondamentale en vigueur. Plusieurs partis politiques ont accueilli favorablement l'initiative présidentielle. Certains ont même estimé que le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, est l'homme qu'il faut pour présider ce dialogue consensuel et sortir avec des propositions constructives. Ainsi, le chargé de la communication au parti du Front de libération nationale (FLN), Saïd Bouhadja, voit dans l'amendement consensuel de la Constitution tel que voulu par le président Bouteflika, une réponse au besoin de s'adapter aux développements survenus sur la scène internationale, en consacrant la pratique démocratique et en instaurant l'Etat de droit qui garantit la protection des droits individuels et collectifs de tous les citoyens. Pour sa part, la porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Nouara Saadia Djaafar, a réitéré la position de son parti à ce sujet soulignant que l'amendement de la Constitution «se veut un couronnement des réformes engagées par le président de la République». Elle a mis en exergue l'importance de cet amendement qui adapte la Constitution du pays aux évolutions en cours au sein de la société algérienne. Le président du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, a annoncé que son parti avait plusieurs propositions à faire sur la prochaine révision de la Constitution. Le Parti des travailleurs (PT) s'est déclaré, lui aussi, prêt à participer à ces consultations. Le PT milite pour une refonte globale de la Constitution, a indiqué le parti dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion du secrétariat de son bureau politique. Toutefois, le PT s'interroge sur la signification d'une «Constitution consensuelle» évoquée dans le communiqué du Conseil des ministres. De son côté, le candidat malheureux à la présidentielle, Ali Benflis, estime que cette initiative n'est en réalité qu'un «acte de diversion» ou une «tactique» alors que le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Mokri, a réitéré les revendications de son parti concernant le projet du prochain amendement de la Constitution dont «l'instauration d'un régime parlementaire, la consolidation de l'indépendance de la justice et du magistrat, la consolidation des mécanismes de lutte contre la corruption et le soutien de la liberté d'expression et d'information». Enfin, la Coordination qui se proclame «pour la transition et les libertés démocratiques» a refusé d'entrer dans ces concertations. Mais la majorité présidentielle est d'ores et déjà à pied d'œuvre pour faire réussir la démarche dont a la charge Ahmed Ouyahia.