Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a dévoilé, mercredi en conseil des ministres, sa "feuille de route" en vue d'une révision de la Constitution et fixé les grandes orientations de ce que doit être le futur plan d'action du nouveau gouvernement, ses objectifs et ses priorités. Réitérant solennellement son option, déjà exprimée lors de son investiture, en faveur d'une révision constitutionnelle "consensuelle" associant l'ensemble des forces vives que compte le pays, le chef de l'Etat a déterminé l'échéancier du processus de révision qui commencera, dès la mi-mai, avec l'envoi aux partis politiques, personnalités nationales et associations, des propositions d'amendements dégagées par la commission d'experts installée au début du processus de réformes politiques décidées en 2011. Cette étape sera suivie, début juin, par des consultations au siège de la Présidence de la République avec tous ces interlocuteurs, sous la direction du ministre d'Etat, directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia. Le président Bouteflika a assuré que ces contacts se feront dans la "transparence" pour "permettre à l'opinion d'en suivre le déroulement". Une fois achevées, ces consultations conduiront à l'élaboration d'un "projet consolidé de révision constitutionnelle" prenant en considération les vues et propositions des partenaires à ce dialogue, et sera ensuite soumis à la procédure de révision constitutionnelle prévue par la loi fondamentale en vigueur. Fidèle aux idées développées par son staff de campagne pour la dernière présidentielle qu'il a remportée, le président de la République a tenu à rappeler devant les membres du nouveau gouvernement les grands principes qui président à cette révision constitutionnelle imposée à la fois par l'évolution rapide de la société algérienne et par les mutations profondes que traverse le monde. Il s'agit de "consolider la démocratie participative, renforcer les droits et libertés individuels et collectifs, et conforter l'Etat de droit" ou, plus précisément, "renforcer la séparation des pouvoirs et le rôle du Parlement, conforter l'indépendance de la Justice, affirmer la place et les droits de l'opposition, et consolider les garanties des droits et libertés des citoyens", selon les termes du chef de l'Etat. M. Bouteflika n'a pas manqué, à l'occasion, de renouveler son appel aux "personnalités, aux partis politiques et aux organisations à s'associer à ce chantier d'importance nationale" tout en souhaitant qu'il aboutisse à une "révision constitutionnelle consensuelle". Au sujet du projet de Plan d'action du gouvernement, qui doit être examiné dans les prochains jours en conseil des ministres avant d'être soumis au Parlement, le chef de l'Etat a insisté pour que le plan d'action soit conçu de telle manière à apporter des réponses aux besoins les plus pressants de la population, notamment la jeunesse, construire une économie diversifiée et performante, et assurer la poursuite du développement et de la politique de justice sociale. Pour ce faire, le Président a fixé, en huit points, les priorités ou les "urgences", à commencer par la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la bureaucratie et l'amélioration continue du service public, et la lutte contre la corruption et le gaspillage. Le renforcement de la démocratie participative en mobilisant le concours de la société civile, notamment dans la gestion locale, figure parmi les priorités du Président, au même titre que la mise en route du nouveau découpage territorial, en commençant, souhaite-t-il, par les régions du Sud et des Hauts Plateaux. En cinquième position, vient la mise en place "sans délai" de l'autorité de régulation de l'audiovisuel et de l'autorité de régulation de la presse écrite, suivie de l'accélération du processus de réformes économiques et sociales, avec un intérêt particulier à la création des emplois, et une meilleure régulation du marché intérieur. Dernier impératif recommandé par le chef de l'Etat: l'élaboration du Programme 2015-2019 d'investissements et de développement, après des concertations nationales et locales requises, sans perdre de vue la nécessité d'améliorer l'impact d'un tel programme sur le développement local et le développement humain, mais aussi sur le développement d'une économie productive et compétitive dans tous les secteurs.