L'exploitation du gaz de schiste donne lieu à de vifs débats, notamment en raison de son impact environnemental et sanitaire. Dans certains pays, comme les Etats-Unis, sa production est développée. En France, la technique de la fracturation hydraulique n'est pas autorisée. Qu'en est-il de l'Algérie ? Qu'en est-il de son exploitation au Sud ? Lors d'une conférence organisée lundi à l'Ecole nationale supérieure de journalisme, le professeur Abdelhakim Bentellis a expliqué la question sur l'exploitation du gaz de schiste, sous le thème «Le gaz de schiste, enjeux et perspectives». Le conférencier, géophysicien, spécialiste en réservoirs pétroliers et expert national en matière de gaz de schiste, membre du conseil scientifique de l'Institut algérien du pétrole et représentant de l'université au comité d'orientation et de recherche de Sonatrach, a fait le point sur toutes les questions qu'on se pose et rectifié quelques idées reçues. «Il faut situer le débat sur le gaz de schiste dans un contexte énergétique global et ne pas tomber dans le piège des pour et des contre», a-t-il affirmé, hier, lors d'une conférence organisée à l'université d'Alger. Le conférencier, qui n'a pas voulu s'immiscer dans les aspects politico-économiques de la question, a voulu axer sa communication sur le volet technique de l'exploitation des «shales gas», ou gaz d'argile. D'après ses estimations, faites sur la base d'une modélisation géophysique, le sud du pays recèle quelque 28 000 milliards de m3 alors que les estimations d'Alnaft, élaborées sur la base d'une modélisation géochimique, font état de 120 000 milliards de m3. Le gaz de schiste se trouve également à une profondeur de 1 500 m et une épaisseur de 80 à 200 m. Si sur le plan technique, de nombreux paramètres sont maîtrisés, l'aspect coût demeure et reste toujours un sérieux handicap. Les chiffres le confirment. Le coût du forage d'un puits est estimé à 18 millions de dollars alors que pour une fracturation, il faut rajouter, selon les données fournies par le professeur, quelque 250 000 dollars. L'orateur avance une estimation approximative de 20 à 21 millions de dollars pour un puits. L'autre détail qui attire l'attention est celui relatif à la durée de vie des puits qui ne dépasse pas 4 à 5 ans, contre 25 à 30 ans pour le conventionnel. L'exploitation de ces énergies non conventionnelles nécessite aussi entre 6 à 7 ans, alors que pour la commercialisation, il faudrait attendre 4 à 5 années. Ce qui fait en tout des investissements d'une durée moyenne de 11 ans pour une mise en exploitation effective. Le pays consomme aujourd'hui environ 25 milliards de mètres cubes par an, relève l'expert. Aussi, le gaz de schiste pourrait jouer un rôle important dans son économie en permettant son niveau d'exportation élevé sans ralentir la croissance nationale.