«Il faut situer le débat sur le gaz de schiste dans un contexte énergétique global et ne pas tomber dans le piège des pour et des contre», a affirmé en substance, hier, le géophysicien et spécialiste en réservoirs pétroliers, le Pr Bentellis Abdelhakim, lors d'une conférence organisée à l'université d'Alger. Le conférencier, qui n'a pas voulu s'immiscer dans les aspects politico-économiques de la question, a voulu axer sa communication sur le volet technique de l'exploitation des «Shales gas», ou gaz d'argile. Selon ses estimations, faites sur la base d'une modélisation géophysique, le sud du pays recèle quelque 28 000 milliards de m3 alors que les estimations d'Alnaft, élaborées sur la base d'une modélisation géochimique, font état de 120 000 milliards de m3. Le gaz de schiste se trouve également à une profondeur de 1 500 m et une épaisseur de 80 à 200 m. Si sur le plan technique, de nombreux paramètres sont maîtrisés, l'aspect coût demeure et reste toujours un sérieux handicap. Les chiffres le confirment. Le coût du forage d'un puits est estimé à 18 millions de dollars alors que pour une fracturation il faut rajouter, selon les données fournies par le professeur, quelque 250 000 dollars. Ainsi, l'orateur avance une estimation approximative de 20 à 21 millions de dollars pour un puits. L'autre détail qui attire l'attention est celui relatif à la durée de vie des puits qui ne dépasse pas 4 à 5 ans, contre 25 à 30 ans pour le conventionnel. L'exploitation de ces énergies non conventionnelles nécessite aussi entre 6 à 7 ans, alors que pour la commercialisation, il faudrait attendre 4 à 5 années. Ce qui fait en tout des investissements d'une durée moyenne de 11 ans pour une mise en exploitation effective. L'aspect environnemental a été également abordé par le conférencier, qui a minimisé les risques sans pour autant les écarter. Il affirme en fait que les risques pourraient être traités sur place. «Si l'on met un investissement de 20 millions de dollars pour l'exploitation, il suffit de rajouter un million de dollars pour le traitement des déchets et des gaz qui remontent à la surface», souligne Bentellis pour qui en Algérie «on ne risque pas d'avoir des échappées de gaz». Quant à la menace qui pèserait sur la nappe albienne, le conférencier a assuré que cette nappe est à une profondeur de 250 m alors que le schiste se trouve à une profondeur beaucoup plus importante, à savoir 1 500 mètres. Le conférencier a tenu à préciser enfin que l'avenir énergétique de l'Algérie est dans le renouvelable, bien qu'il estime que le coût est encore très élevé. Il regrette, néanmoins, qu'hormis Sonelgaz, les initiatives dans la recherche se font rares. S. B.