Ils étaient une quinzaine d'innovateurs de tout le territoire national à avoir participé à ce premier salon de l'innovation abrité par la Maison de la culture R-Mimouni. Le hall donnait quelques aperçus d'échantillons d'inventions. La surprise est de taille: nos inventeurs s'illustrent à l'étranger et y sont très sollicités. La famille Abbad en est un exemple époustouflant. Le père, la mère et le fils ont chacun à leur actif plusieurs inventions. A eux trois, ils totalisent 17 innovations dont 5 brevetés et quelques unes primées comme c'est le cas du ralentisseur lumineux à énergie renouvelable après le passage des voitures. Cette innovation du fils Abbad âgé de 5 ans a remporté le 1er prix mondial du concours qui s'est déroulé dernièrement en Tunisie. Le wali de Boumerdès a pris la décision d'installer à l'entrée de la ville un échantillon. La mère Abbad a, elle, mis au point un bracelet électrique pour malades chroniques. Conçu numériquement, ce bracelet contient le bilan de santé du malade et signale par une couleur précise le type de maladie chronique. Il peut également être consulté par un médecin sur simple connexion à un PC au moyen d'une clé USB. La mère Abbad, qui est elle-même atteinte d'une maladie chronique, ne possède pourtant que le niveau de 3 AS. Son invention a emballé des Saoudiens qui ont voulu acheter l'invention sous le design de leur pays. C'était sans compter sur le patriotisme des Abbad qui ont exigé la paternité algérienne à leur invention. Des Belges ont proposé d'industrialiser à une grande échelle ce bracelet pour parvenir à connaître le chiffre exact des malades en incorporant un système GPS. Finalement, un médecin algérien responsable du pèlerinage à La Mecque pour nos compatriotes a proposé de doter des pèlerins de ce bracelet pour juger des changements intervenus sur la santé à l'approche de la Qaâba. Une recherche qui explore les miracles du Coran. C'est dire que l'innovation n'est pas seulement une question de scolarité poussée mais elle peut être l'apanage d'un autodidacte.Le génie ne se conjugue pas avec les diplômes. Le père, lui, multiplie les inventions. L'une d'elles est une canne intelligente pour aveugle. La proposition de sa fabrication par la fédération des non-voyants par la création d'une entreprise à ce niveau se heurte à des considérations peu convaincantes. Pourtant, il s'agit d'un don de M. Abbad. D'autres Abbad existent en Algérie. Le président de l'association des inventeurs algériens, M. Kharroubi, parle de 700 innovateurs possédant chacun au minimum 2 inventions. Mais la réalité plaide pour un plus grand nombre dont certains sont livrés à eux mêmes. D'ailleurs, le salon a pour objectif de regrouper les inventeurs autour d'une structure représentative et de fournir aux innovateurs une formation dans la gestion de l'invention jusqu'à sa concrétisation en projet. C'est ce que s'est efforcé de faire Mourad Meftah de l'académie algérienne de formation des cadres ainsi que Hassen Belmati, directeur de l'Institut national de l'innovation qui a mis en relief les avantages de l'innovation collective. Au cours des débats, le vice-président M. Zakour s'est inquiété du manque d'intérêt de la part des investisseurs et des médias à l'encontre des inventeurs, notamment les autodidactes. La clôture du salon a mis en avant un certain nombre de recommandations dont la création d'un club des innovations, d'une association des inventeurs de la wilaya de Boumerdès, d'un concours pour la coupe de l'innovation,la mise sur pied de formations et de suivi et la constitution d'un réseau national des inventeurs.