Le moudjahid Mohamed Mechati est décédé jeudi dans un hôpital à Genève à l'âge de 93 ans, laissant derrière lui un long parcours de militantisme actif. Le rapatriement de sa dépouille vers Alger est prévu aujourd'hui. Le hasard a voulu que cet homme de la Révolution algérienne décède la veille du 5 juillet, jour national de l'indépendance, et soit enterré le jour de cet anniversaire mémorable pour les Algériens et même les citoyens du monde. Commémoré chaque année, le 5 Juillet, jour de la fin d'une révolution historique a fait couler tant d'encre et en fait couler encore jusqu'à aujourd'hui. En effet, Mohamed Mechati est le dernier membre du Groupe des 22 à l'origine de la révolution algérienne, il a vu le jour le 21 mars 1921 dans une famille modeste à Constantine. Jeune, il s'engagea dans l'armée et prend part à des campagnes lors de la Seconde Guerre mondiale. Il se distingue par son militantisme actif lorsqu'il rejoint en 1945 le Parti du peuple algérien (PPA), l'Organisation secrète (OS), le Mouvement triomphe des libertés démocratiques (MTLD), ainsi que le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA). Début 1954, il est contraint de quitter le territoire national pour se soigner en France. Après son rétablissement, il rejoint la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN). Il a été chef d'une zone d'Alger sous le commandement de Mohamed Boudiaf avant d'être transféré vers celle du Sud-ouest. En août 1956, il a été arrêté par les Français et incarcéré dans plusieurs établissements pénitenciers avant d'être libéré en 1961. Avec l'ère de l'Algérie indépendante, Mohamed Mechati a occupé plusieurs postes diplomatiques, dont celui d'ambassadeur d'Algérie en Allemagne. Il a également occupé la fonction de vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH). En 2000, il consigne son témoignage dans «Militant de l'Algérie indépendante, Mémoires 1921-2000», édité chez Casbah Editions. En dépit de son âge avancé et jusqu'aux limites de ses capacités physiques, Mohamed Mechati s'est particulièrement attaché à livrer ses témoignages à ceux qui le souhaitaient, sur son parcours et celui de ses compagnons d'armes et de lutte. A l'égard des professionnels des médias et autres historiens et chercheurs, le défunt s'est imposé un devoir de témoignage sur des périodes clés de la révolution algérienne. Il s'est soucié notamment de contribuer à une meilleure connaissance et compréhension de quelques zones d'ombre et de faits liés à cette période de l'histoire du pays, y compris celles controversées et conflictuelles. Acteur indéniable de l'épopée révolutionnaire, Mohamed Mechati entendait le rester jusqu'au crépuscule de sa vie, en livrant avec audace et sans tabou, ses appréciations de l'actualité politique nationale, dont il suivait de très près les péripéties. Ses contributions sur les colonnes des différents titres nationaux sont innombrables et l'on retient, entre autres, celle publiée au lendemain de l'ouverture démocratique post- 1988: «Du parti unique au multipartisme unique». Le défunt moudjahid laisse derrière lui une veuve d'origine suisse mais de cœur algérienne, ainsi que deux enfants.