Les Mozabites ont choisi, hier, la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, pour faire connaître leurs revendications qui tournent autour du sentiment d'insécurité qu'ils vivent à Ghardaïa. La société civile mozabite a également organisé hier un sit in devant le siège de la wilaya à Ghardaïa autour de la même préoccupation. Ces manifestations sont évidemment de nature pacifique, mais elles rappellent le contexte de violences dans lequel les habitants de Ghardaïa continuent de vivre depuis de longs mois, en dépit des efforts du gouvernement visant à ramener le calme dans cette région soumise périodiquement à des affrontements violents sur fond d'un conflit qui s'éternise. Ce ne sont pas les appels au calme qui ont manqué, ils sont à chaque fois renouvelés et, même, lancés par les sages issus des deux «camps» qui s'affrontent. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal était même allé, il y a quelques mois, à Ghardaïa passer la fête du Mawlid ennabaoui. Tous les déplacements de ministres et du Premier ministre dans cette ville se veulent inscrits dans une démarche de règlement définitif et durable du différend qui oppose les deux communautés, ibadite et malékite. La chose paraissait d'autant plus facile que, disait-on, ces communautés ont vécu par le passé, en parfaite harmonie. Dernièrement, le nouveau ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, bien placé pour en parler, estimait que «les problèmes vécus par la population de Ghardaïa ne sont pas d'ordre confessionnel». Il en donnait pour preuve, «la prière qui a réuni à Ghardaïa les malékites, les hanafites et les ibadites derrière un même imam». Pour Mohamed Aïssa, «les problèmes que vit cette wilaya ne différent en rien de ceux auxquels font face les habitants des autres régions du pays». Il a son explication : «Les Algériens vivant dans cette partie du Sud algérien ont surtout besoin d'être écoutés, compris et aidés pour surmonter leurs problèmes socioéconomiques et leurs préoccupations quotidiennes». En fait, des conflits de ce type, absurdes, sont enregistrés dans la banlieue d'Alger mais aussi dans d'autres localités entre quartiers, entre cités, à chaque fois qu'une bataille rangée à coups de poings et à l'aide d'armes blanches, est déclenchée par deux bandes rivales. Les responsables en charge du dossier Ghardaïa paraissaient convaincus que le conflit n'avait pas atteint un niveau de gravité qui rendrait sa solution problématique. Au contraire, pensaient-ils, la solution est possible, il suffit juste de quelques «mesures complémentaires» qui ont été prises par le gouvernement et qui ont été soit concrétisées, soit sont en cours de réalisation. Ils avaient l'espoir que ces mesures produiraient un effet bénéfique, voire miracle, dans la région en déclenchant un retour au calme, forcément progressif, dans la wilaya. Ainsi, à titre d'exemple : un investissement de 1,5 milliard de dinars a été dégagé en vue d'un programme de réhabilitation, de rénovation et de réalisation d'ouvrages de stockage d'eau potable, à travers le territoire de la wilaya de Ghardaïa. Cet investissement entre dans le cadre d'une stratégie pour l'ensemble des localités et communes de la wilaya, afin de faire face à l'accroissement exponentiel de la demande en eau. Le secteur des ressources en eau avait déjà mobilisé 600 millions de dinars pour une opération de rénovation, d'extension et d'amélioration des réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) à travers le territoire de la wilaya. Une enveloppe complémentaire de 30,225 milliards de DA avait été accordée à la wilaya de Ghardaïa, en octobre dernier, afin d'y impulser la dynamique de développement dans différents domaines, notamment le renforcement des réseaux de distribution d'eau potable et d'assainissement. Les pouvoirs publics ont toujours donné l'impression d'avoir une connaissance approfondie du dossier à la suite des discussions avec les représentants de la région. Mais, à ce jour, aucun responsable n'a réussi à détourner, chez les protagonistes, leurs regards du passé vers l'avenir en faisant taire les rancœurs qui divisent et en s'appuyant sur ce qui unit.