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Intervention américaine d'août 2014 en Irak et cours du pétrole
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 08 - 2014

Les premiers producteurs de pétrole dans le monde sont la Russie, l'Arabie saoudite, les Etats Unis d'Amérique, la Chine, le Canada, l'Iran et l'Irak. Selon les statistiques officielles de 2012 pour une production totale de 4028 millions de tonnes (y compris le Canada) sur des réserves totales estimées à 223.445 millions de tonnes (réserves évoluant chaque année), certainement grâce au pétrole/gaz de schiste US, l'Amérique du Nord a produit 13,1%, l'Amérique latine 12,5%, l'Afrique 11,2l%, l'Europe (y compris la Norvège) 20, 4%, Proche Orient 33,0%, l'Extrême Orient 9,8% et l'Océanie 5,2%. La part de l'OPEP dans la production totale représente 44,1% pour des réserves de 73,6%, part estimée en 2013 à 42,5%. Les situations en Libye et en Irak, surtout après l'intervention américaine le 8 août 2014, auront-elles des impacts sur l'évolution du cours du pétrole ? 98% des recettes en devises de l'Algérie et 70% du pouvoir d'achat des Algériens relevant des hydrocarbures, cela interpelle l'Algérie. Il s'agit donc d'étudier sans passion le cas de ces deux pays en référence à la carte pétrolière mondiale, objet de cette brève contribution.
1. Cas de la Libye Avant les événements qui ont débouché sur la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, la production libyenne de pétrole représentait 1,6 million de barils par jour. La Libye est le deuxième producteur de pétrole brut en Afrique après le Nigeria et devant l'Algérie, disposant de la plus grande réserve de pétrole en Afrique, estimée à 48 milliards de barils pour une population de 6,5 millions d'habitants. Le pétrole libyen est un pétrole léger, de haute qualité, qui concurrence celui algérien. La Libye dispose également de réserves importantes de gaz naturel (1.548 milliards de m3) qui sont jusqu'à présent peu exploitées. Membre de l'OPEP, la Libye a les capacités d'augmenter sa production à 3 millions de b/j à l'horizon 2015/2020. Avec l'insécurité et la guerre civile, nous avons assisté à un net recul de cette production et à la fermeture de plusieurs champs pétroliers. Ce pays produisait encore 570.000 barils de pétrole par jour au début de 2014. Ce chiffre est tombé à 230.000 barils par jour en raison d'une occupation du site par des milices avec des pertes évaluées à environ 10 milliards de dollars en sept mois. Or, le secteur pétrolier représente 70% du PIB, 98% des recettes d'exportations et 95% des ressources de l'Etat. Face à cette situation trouble, les compagnies pétrolières étrangères hésitent à reprendre le chemin de la Libye et à y investir. Ceci étant dit, les récents événements auront une répercussion très faible sur les cours mondiaux, du fait donc que la production libyenne entre 2012 et 2014 était déjà très faible et que les traders ont anticipé la situation actuelle autant que celle prévalant au Nigeria 2. L'impact sur les prix de l'intervention américaine en Irak Plus de dix ans après la guerre, l'Irak demeure en proie à la violence et à l'insécurité. Mais le conflit irakien ne saurait être réduit à sa seule dimension identitaire mais recouvre des aspects économiques fondamentaux. Comment ne pas rappeler que selon les extrapolations fournies par le ministère de l'Economie, Bagdad annonçait d'ici à 2030, 6 000 milliards de dollars de ses exportations en hydrocarbures. D'où les enjeux, tant local qu'international, pour le partage de la rente où malheureusement, nous avons un pays riche, mais une population pauvre, la société étant rongée par l'insécurité et la corruption. En effet, l'Irak représente environ 3,8% de la production mondiale en 2013. Les réserves de pétrole sont estimées en 2012 à 140 milliards de barils, données réactualisées en 2014 à 150, certains experts extrapolant sur 200 milliards de réserves potentiel, soit entre 12 et 14 fois les réserves de l'Algérie estimées à 12 milliards de barils. L'Irak représente 11% des réserves mondiales avec des coûts extrêmement bas, la 4e réserves mondiale, et a produit en 2013 et le premier semestre 2014 environ 3,33 millions de barils par jour, selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Ce pays est le deuxième pays producteur derrière l'Arabie saoudite et devant l'Iran et le Koweït, pour une population de 36 millions d'habitants. Pour le gaz, les données réactualisées 2014 donnent 3600 milliards de mètres cubes gazeux. Quel a été l'impact de l'attaque américaine afin de bloquer l'avancée de djihadistes ? Après l'intervention américaine en Irak le 8 août 2014, le cours tant du Brent que du Witt a subi une légère hausse au moment des frappes, étant coté à 106,3 dollars (hausse de 0,9% pour le Brent) et 98,1 dollars le baril (hausse de 0,8% pour le Wit). A 17h heure GMT, le cours a de nouveau baissé : 105,32 dollars le baril et 97,59 le Witt. Le cours de l'once d'or après une légère hausse dans la journée du 8 août s'est stabilisé à 1 312 dollars l'once (hausse de 0,93%), mais par rapport à l'euro, 984 euros l'once avec une hausse de 0,59%. Pour la journée du 9 août 2014, 11h heure GMT, le cours du Brent est coté à 105,04 dollars, le Witt à 97,25 et le cours de l'once d'or à 1312 dollars l'once. Cette tendance baissière se confirme en fin dejournée du 9 aout 2014 où l'once d'or s'est coté à 1 309 dollars, le Brent à 105,02 et le WIT à 97,60. Comment interpréter ces très faibles fluctuations ? Je recense quatre raisons en n'oubliant pas que nous sommes en été où la demande est plus forte à l'approche de l'hiver A- Il y a premièrement la croissance de l'économie mondiale qui est relativement faible malgré une légère reprise, faiblesse accélérée par la décroissance de bon nombre de pays émergents entre 2013/2014 (Brésil-Argentine, Inde, recul du taux de croissance chinois). B- La deuxième raison est la révolution du gaz/pétrole de schiste qui a permis de réduire substantiellement les importations américaines d'énergie, l'Algérie étant concernée, la liant dans un proche avenir, surtout au marché européen. C- La troisième raison est que bon nombre de pays de l'OPEP ne respectent pas leurs quotas, sans oublier du fait de l'embargo, les contrats «secrets» entre l'Iran et certains traders pétroliers. A ce titre, selon le New York Times, ce sont les entreprises pétrolières d'Etat chinoises qui achètent près de la moitié de la production irakienne. Et il est fort probable que la Chine renforce encore sa quote-part dominante dans les années à venir. D- La quatrième raison fondamentale est l'expansion de la production de pétrole de bon nombre de pays hors OPEP qui représente plus de 55% de la production mondiale, et donc en dehors, tant de l'Irak que de la Libye. Ainsi en mai 2014, selon l'AIE, la production mondiale d'or noir a augmenté de 530.000 barils par jour pour atteindre 92,6 millions de barils par jour (mbj), grâce à une progression dans les pays non- membres de l'Opep qui a permis de compenser un repli dans les pays du cartel. La Russie, à travers la stratégie de Gazprom pour 2013, profitant des tensions au Moyen orient, a pris des parts de marché croissants ayant été le premier producteur de pétrole au monde. Avec 523,2 millions de tonnes produites, elle dépasse même les records des années 1990, (source Novye Izvestia). Aussi, faut-il se méfier de certaines annonces concernant actuellement les tensions entre l'Occident et la Russie, Gazprom continuant d'approvisionner massivement le marché mondial. En résumé, si l'Irak, l'Iran, la Libye produisaient en fonction de leur capacité réelle, le Cours du Brent serait moins de 95 dollars le baril, et celui du WIT moins de 85 dollars, ce qui aurait des répercussions négatives sur la balance des paiements algériennes, déjà en tension en 2014. Aussi, la compréhension de l'évolution du cours implique de saisir les mutations mondiales, la nouvelle carte géostratégique énergétique et les politiques de la transition énergétique. L'énergie est au coeur de la sécurité des Nations expliquant bon nombre de conflits dans le monde. Les conflits actuels en Afrique et Moyen Orient préfigurent d'importants bouleversements géostratégiques au niveau de ces régions stratégiques. Dans la pratique des affaires, et plus globalement au niveau des relations internationales, ils n'existent pas de sentiments, il n'y a que des intérêts.

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